Le chômage repart à la hausse en Allemagne

L'Allemagne peine décidément à assurer sa reprise. Alors que les indices Ifo du climat des affaires et Zew des attentes des conjoncturistes baissent depuis déjà plusieurs mois, l'agence fédérale du travail (Arbeitsamt) a annoncé mardi de bien mauvais chiffres pour l'emploi du mois de mars outre-Rhin. En données corrigées des variations saisonnières (CVS), le nombre de demandeurs d'emploi a progressé de 44.000. C'est presque trois fois plus que ce qu'attendaient les économistes en moyenne, selon Reuters (+15.000). Le nombre de chômeurs en données CVS en Allemagne est donc désormais de 4,34 millions et le taux de chômage progresse de 0,1 point à 10,4%. Cette nouvelle est évidemment un signe négatif pour Gerhard Schröder. Les baisses de décembre et de janvier avaient été provoquées par un effet statistique dû à la réforme du marché du travail. Mais, comme le note Ulrich Krater, économiste chez Dekabank, cité par Reuters, "en dépit de toutes ces réformes, les vrais problèmes structurels du marché allemand n'ont pas été traités". Or, souligne-t-il, "la reprise est trop faible pour avoir un impact sur le marché du travail". Pour preuve, l'économie allemande a détruit plus d'emplois en janvier (15.000) qu'en décembre (2.000). La reprise timide de l'économie allemande, tirée par la demande externe mais handicapée par l'euro fort, reste donc en cause. Et ces chiffres viennent une nouvelle fois montrer combien la situation de la première économie de la zone euro est fragile. Car, rappelle Stefan Bielmeier, économiste chez Deutsche Bank, la situation de l'emploi "continue de peser sur les attentes des ménages, et donc sur la consommation". L'Allemagne est donc dans un cercle vicieux : faute de reprise de la demande interne, les entreprises refusent d'embaucher, ce qui pèse lourdement sur la consommation des ménages. De quoi s'arracher les cheveux pour le chancelier allemand qui risque donc de voir ses baisses massives d'impôts venir alimenter l'épargne plutôt que la croissance. Faible bouffée d'oxygène cependant pour le gouvernement de Berlin, les chiffres bruts. Ces chiffres sont traditionnellement ceux qui sont exploités politiquement outre-Rhin, et ils sont relativement bons. Le taux de chômage brut recule de 0,2 point à 10,9% et le nombre de demandeurs d'emplois recule de 93.600 à 4,55 millions. Mais il sera difficile de pavoiser, là encore, car les économistes s'attendaient à un recul de 120.000 à 160.000 du nombre brut de chômeurs...Quant aux perspectives, certains économistes, comme Ralph Solveen de Commerzbank, s'attendent à une reprise du marché à partir de l'été prochain. D'autres, comme Thomas Amend, de HSBC, estiment qu'aucune amélioration ne peut être envisagée ni en 2004, ni en 2005. Une opinion partagée par l'Arbeitsamt lui-même qui a affirmé "qu'aucune amélioration du marché du travail n'était en vue". De quoi donner encore des nuits blanches au chancelier allemand.
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