L'euro continue sa correction, le yen sa progression

Semaine des contrastes sur le marché des changes. Après avoir atteint lundi un plus haut historique à 1,2898 dollar, l'euro est revenu vendredi en fin d'après-midi à son plus bas niveau depuis trois semaines à 1,2414 dollar. Ce nouveau recul intervient après les déclarations du chef économiste de la BCE Otmar Issing. Ce dernier, qui s'exprimait à Mannheim, en Allemagne, devant l'institut de conjoncture ZEW a confirmé que la banque centrale européenne "n'était pas indifférente aux taux de change". Otmar Issing a même avoué une "préoccupation" liée à la grande volatilité des taux de change. Dans l'après-midi, les chiffres du département américain du Trésor indiquant que la demande d'axctifs américains de la part des investisseurs non-résidentiels avait progressé de 215% en novembre à 88 milliards de dollars ont accentué la chute de l'euro.Le message d'Otmar Issing, qui intervient après les déclarations de Jean-Claude Trichet et de Christian Noyer, qui allaient dans le même sens. Pour autant, et comme ses collègues susnommés, Otmar Issing a estimé que l'impact actuel de l'euro fort sur l'économie restait limité. Il a notamment indiqué que, selon lui, la baisse en 2003 du PIB allemand n'était en rien lié au recul du dollar face à la monnaie unique. Il n'empêche que ses déclarations ont confirmé les opérateurs dans leur idée que l'heure était à la vente de l'euro. Ce qui ne signifie nullement un raffermissement général du dollar. Car, il semble que les dollars achetés contre l'euro soient en effet vendus contre le yen. La monnaie japonaise a en effet vendredi matin passé un nouveau cap dans son renforcement contre le billet vert. Le dollar est ainsi passé sous la barre des 106 yens, atteignant son plus bas depuis trois ans à 105,70 yens. Vers 18 heures, il s'échangeait contre 106 yens.Cet affaiblissement du billet vert face à la monnaie japonaise s'explique notamment par les achats d'actifs nippons de la part d'investisseurs étrangers. Pour preuve, selon la Banque du Japon, ces achats se sont élevés à 494,7 milliards de yens (environ 3,71 milliards d'euros) durant la première semaine de l'année. Un mouvement de fond contre lequel les interventions de la Banque centrale nipponne semblent bien stériles, malgré les sommes dépensées. Les marchés s'attendaient pourtant à une nouvelle intervention de la BoJ dans les heures ou les jours à venir. Il est vrai que l'économie japonaise qui, comme l'économie de la zone euro, ne peut compter que sur le moteur de la demande extérieure, chinoise et américaine, pour rebondir ne peut se permettre un yen trop fort. C'est notamment vrai dans les échanges avec la Chine, dont la devise, le yuan est indexé sur le dollar. Selon une étude publiée aujourd'hui, les entreprises nipponnes évoquent ainsi des problèmes si le dollar passe durablement sous les 111 yens. Selon le ministère des Finances, un dollar durablement maintenu entre 100 et 105 yens pourrait "affecter les bénéfices et donc l'investissement". On comprend ainsi les menaces du ministre des Finances japonais Sadakazu Tanigaki qui a annoncé des "mesures décisives contre les excès sur le marché des changes". Les officiels japonais semblent d'ailleurs de plus en plus nerveux sur la question. Avant le G-7 de février, la tension monte donc d'un cran entre Tokyo et Washington sur l'évolution des changes.
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