Deux économies, deux Amériques

Alors que l'Irak est sur toutes les télévisions, George Bush comme John Kerry, les deux candidats à l'élection présidentielle de novembre prochain, ont choisi ces derniers jours de parler... de l'économie. C'est effectivement moins dangereux, pour Bush puisqu'un tiers seulement des Américains estiment qu'il a un plan pour sortir de la crise en Irak (même s'ils soutiennent son action), et pour Kerry qui cafouille sur la question de la guerre. Mais évidemment, en matière d'économie, chacun voit midi à sa porte. John Kerry, qui sillonne les Etats mis à mal par la désindustrialisation, met en avant les deux millions d'emplois perdus depuis que George Bush est à la Maison Blanche. Et annonce, fort de son nouvel indice de souffrance des classes moyennes, que les Américains ne cessent de voir leur pouvoir d'achat diminuer. Pendant les huit années de présidence Clinton, le salaire moyen aurait, selon John Kerry, augmenté de 7.100 dollars. Tandis que sur les derniers trois ans et demi, les Américains dans leur ensemble auraient vu leur salaire baisser de 1.400 dollars. Sans compter les frais médicaux ou scolaires qui s'envolent. George Bush, lui, met en avant divers éléments : l'actuel record d'achats de maisons de la part des ménages américains, signe qu'ils ne sont pas si malheureux que cela ; le fait que les taux d'intérêt sont à des niveaux historiquement bas et qu'ils peuvent donc emprunter à tour de bras s'ils le souhaitent ; ou encore la reprise du marché de l'emploi, même si le Président admet un problème de formation chez certains chômeurs. En fait, il y a du vrai dans tous ces éléments. Tout dépend de quel côté de cette Amérique divisée en deux l'on se trouve. L'un ou l'autre des deux candidats réussira-t-il à convaincre certains électeurs de se rallier à lui ? Quelques indécis, peut-être. Mais dans leur ensemble, les électeurs ont déjà choisi. Et les discours n'y changeront rien. En effet, une nouvelle étude scientifique a observé le cerveau de plusieurs volontaires pendant les différentes allocutions des deux candidats. Le résultat est frappant : quand un électeur de tendance républicaine entend un discours du président, c'est la partie irrationnelle de son cerveau qui fonctionne, et quand il écoute Kerry, c'est son pouvoir analytique qui se met en marche - pour le critiquer, bien sûr. L'analyse arrive à la même conclusion dans le cas démocrate, évidemment. Du coup, dans cette Amérique coupée exactement en son milieu, il y a fort à parier que l'élection de 2004 ressemblera à celle de 2000 - et se jouera littéralement à quelques voix près.
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