Entre l'emploi et l'Irak, l'électorat américain balance

"L'emploi d'abord" : c'est avec ce nouveau slogan que John Kerry, le candidat démocrate à l'élection présidentielle américaine de novembre prochain, voulait ancrer l'économie dans la campagne. Manque de chance pour lui, les chiffres de mars des créations d'emplois (+ 308.000) lui ont donné, pour l'instant du moins, tort. C'est fort de sondages donnant le chômage comme la préoccupation majeure des électeurs, mais aussi parce que les Démocrates sont jugés mieux à même de gérer l'économie pour le bien de tous, que le camp démocrate avait conçu sa campagne. Si John Kerry persiste, en signalant qu'un seul chiffre n'efface pas les quelque deux millions d'emplois qui ont été détruits depuis que George Bush est à la Maison Blanche, il devra peut-être quand même changer son fusil d'épaule dans les mois qui viennent. George Bush, lui, poursuit sur sa lancée. Il inonde depuis une quinzaine de jours les écrans d'une publicité en noir et blanc, façon Charlie Chaplin, contre Kerry: "Wrong on defence, wrong on taxes", qui laisse entendre que le démocrate ne saurait pas défendre ses concitoyens et augmentera la ponction fiscale, notamment sur l'essence. Mais voilà que les choses se compliquent pour le président. Sur la défense, précisément. Les images de corps piétinés, pendus par la foule irakienne ont choqué les électeurs. Et la "guerre après la guerre" qui se profile, alors que l'Administration clame toujours son intention de passer le pouvoir aux Irakiens le 30 juin prochain, ne risque pas de faire remonter "W" dans les sondages. Pis, l'Armée pourrait avoir besoin de renforts sur place. Un coup dur pour le président. Le calcul de George Bush était pourtant simple : les retours de troupes devaient s'accélérer au cours de l'été - pour que les électeurs saluent cette "victoire" à l'automne en votant pour lui.Certes, il est encore trop tôt pour savoir comment la situation va évoluer, tant sur le plan de l'emploi qu'en Irak d'ici au scrutin de novembre. Mais il n'en reste pas moins que si George Bush échappe finalement à la malédiction du père, tombé sur l'économie, il pourrait pâtir de ce qu'il appelait jusqu'ici son "point fort", la défense.
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