Une "jeune Europe" qui vieillit vite

Les nouveaux membres de l'Union sont-ils sur le point de devenir des pays d'immigration ? Le 10 avril dernier, le gouvernement tchèque a présenté un plan visant à attirer dans le pays 700 travailleurs venant de Bulgarie, de Croatie et du Kazakhstan. Le chiffre peut paraître dérisoire, mais ce plan n'en est pas moins significatif d'une situation nouvelle dans laquelle se trouvent ces pays.Car la démographie est un problème brûlant pour les huit pays d'Europe centrale qui entreront le 1er mai dans l'UE. Leur très faible taux de natalité ne parvient pas en effet à compenser la mortalité. Et, selon la Banque mondiale, entre 2002 et 2005, la population de six de ces pays devrait baisser. En Pologne et en Slovaquie, la population devrait se stabiliser. Mais sur les quarante-cinq premières années du siècle, les chiffres sont très inquiétants : la population lettone pourrait ainsi baisser d'un quart, celle de l'Estonie d'un cinquième, celle de la Hongrie de 17%. Evidemment, ces projections doivent être prises avec précautions : l'amélioration attendue du niveau de vie devrait ralentir l'exode des populations vers l'Ouest et pourrait favoriser une reprise de la natalité. Mais dans l'immédiat et compte tenu de leurs taux de croissance importants, ces pays pourraient être amenés à manquer dans les prochaines années de main d'oeuvre, malgré leurs taux de chômage encore élevés. D'où la démarche du gouvernement tchèque d'ouvrir les portes à des travailleurs spécialisés qui pourraient manquer dans le pays et qui ne feront pas remonter, comme ceux de l'Ouest, le coût moyen du travail. A l'Ouest, il faudra donc s'y faire : les nouveaux membres de l'Union ne seront pas seulement des pays d'émigration, mais aussi des pays d'immigration. Une évolution qu'ont d'ailleurs déjà connue l'Irlande, l'Espagne ou le Portugal. Mais la différence, c'est que le phénomène a déjà commencé avant même l'entrée dans l'UE. Le symbole de ce mouvement est peut-être la présence dans la sélection polonaise de football d'un ancien Nigérian, Olisadebe. Evidemment, cette situation risque de poser un problème sérieux aux "anciens" de l'UE. Ces derniers, qui pour la plupart ont déjà refusé d'ouvrir aux citoyens des pays entrants leurs marchés du travail, pourraient donc être soumis à une pression de la part de cette immigration légale à l'Est. En vertu du traité de Schengen, cette population aura en effet le droit de se déplacer dans le reste de l'Union et d'y travailler. Voilà qui promet dans l'avenir encore des discussions bien âpres entre les deux Europe.
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