La Chine saura-t-elle éviter la surchauffe ?

La progression du PIB chinois a dépassé 9% l'an dernier comme en 2002, elle sera supérieure à 8% cette année et guère moins élevée en 2005, d'après les calculs d'experts officiels chinois cités hier par le Financial Times. Des experts qui reconnaissent eux-mêmes que les tentatives de "refroidissement" de ces derniers mois ont échoué. Signe le plus spectaculaire de cet emballement : les investissements en capital fixe (construction, machines, usines, etc.) ont bondi de... 43% en 2003. A elle seule, la République populaire a représenté 60% de la croissance du commerce mondial.Le danger est triple. La Chine est d'abord menacée de ne plus pouvoir approvisionner ses usines en énergie. Ses importations de pétrole ont augmenté de plus de 30% l'an dernier. Le charbon manque malgré une hausse de 14% de la production chinoise, la première au monde. Et la croissance exponentielle de la production électrique n'empêche pas les coupures intempestives. Incidemment, puisque la demande chinoise pèse sur les cours mondiaux de ces matières premières, le reste de la planète paie aussi la facture.Deuxième danger concomitant : les producteurs d'acier, d'aluminium ou de ciment ne suivent plus la demande, sans que le bien-fondé de nombreux projets d'investissements soit clairement établi. Les prix se situent à un niveau de plus en plus artificiellement élevé. L'inflation menace et la Banque de Chine a entamé le mois dernier un durcissement de sa politique monétaire en relevant le ratio de réserves imposé aux banques. Le troisième risque est en effet financier. Chacun le sait réel, même s'il est particulièrement difficile à évaluer. Les banques chinoise sont lourdement "plombées" de massives créances douteuses héritées d'entreprises publiques que les autorités de Pékin peinent à restructurer.La Banque de Chine pourrait bientôt décider de relever ses taux directeurs. Mais ce faisant, elle relancerait immédiatement les pressions à la réévaluation exercées sur le yuan, la monnaie chinoise arrimée au dollar au taux très avantageux de 8,28 pour un. Et Pékin n'est pas pressée d'entamer sa compétitivité prix.Pour la Chine, la priorité économique numéro un consiste donc aujourd'hui à organiser "l'atterrissage en douceur" ("soft landing") de l'économie. Les dirigeants de Pékin doivent toutefois prendre garde à ce que leur détermination ne soit pas mal comprise. L'invitation à la prudence des banques petites et moyennes a ainsi été traduite par "plus aucun nouveau crédit ne sera accordé", avant que la réalité, heureusement plus nuancée, ne soit rétablie. Idem pour l'acier et le ciment : les projets en cours, que l'on a cru un temps abandonnés, seront menés à leur terme.Même dans un pays où le gouvernement tient entre ses mains sinon l'ensemble, au moins un grand nombre des leviers de la décision économique, enclencher puis maîtriser un ralentissement demeure un exercice remarquablement périlleux. De sa réussite dépend pour une part non négligeable l'avenir de l'économie mondiale.
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