Le déficit commercial américain sur de nouveaux sommets

Ce sont deux nouvelles plutôt mauvaises pour l'économie américaine qui sont tombées ce vendredi, avec d'une part une chute marquée de l'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan, et d'autre part l'annonce d'un déficit commercial record pour les Etats-Unis sur l'ensemble de 2003. Très suivie, la publication de l'indice du Michigan a constitué une très mauvaise surprise. Cet indicateur a en effet enregistré une chute de plus de dix points en février, pour s'établir à 93,1, contre 103,8 en janvier. Cette dégringolade du sentiment des consommateurs est d'autant plus frappante qu'elle est inattendue: les économistes misaient sur un tassement à 103,3.Il apparaît donc en fait que la bouffée d'euphorie qui avait marqué le chiffre de janvier - qui avait bondi à son plus haut niveau en trois ans - aura été sans lendemain. La confiance des consommateurs s'est en effet dégradée ce mois-ci, tant en ce qui concerne leur situation actuelle - passée de 109,5 à 100,4 - que leurs attentes - tombées de 100,1 à 88,4. Ce qui laisse à penser que, même si l'économie américaine connaît actuellement une phase de croissance soutenue, les Américains ne sont pas encore complètement convaincus, notamment du fait de la faible teneur en emplois de cette reprise.Autre mauvaise nouvelle: le commerce extérieur des Etats-Unis ne cesse de se dégrader. Au vu des chiffres de décembre dernier, publiés vendredi, la contribution du dollar faible à la réduction du déficit commercial n'est en effet toujours pas flagrante... Pour le dernier mois de l'année, les exportations des Etats-Unis se sont repliées de 0,2% à 90,4 milliards de dollars, alors que les importations ont progressé de 3%. Résultat, la balance commerciale de la première économie du monde a enregistré durant la période considérée un déficit de 42,5 milliards de dollars. Ce chiffre, bien supérieur aux attentes des marchés, porte le déficit annuel à des niveaux records de 489,37 milliards de dollars. L'augmentation du déficit en 2003, +17% par rapport au précédent record de 2002, s'explique par une hausse plus rapide des importations (+8,3% ) que des exportations (+4,6%). Sans surprise, c'est la balance des biens qui a provoqué le creusement du déficit en battant un nouveau record, alors que les services continuaient d'afficher un excédent, même si c'est le plus faible depuis 1992. La hausse des importations de biens en 2003 (+8,5% à 1.263 milliards de dollars) s'explique notamment parce que les Etats-Unis ont importé un montant record de pétrole brut (99 milliards de dollars), en raison d'un prix moyen du baril au plus haut depuis 1984 à 26,97 dollars.La vigoureuse reprise américaine (8,2% de croissance au troisième trimestre et 4% au quatrième), caractérisée notamment par une forte demande intérieure, paraît donc compenser plus que largement les effets du dollar faible. Malgré un billet vert qui s'est déprécié vis à vis de toutes les monnaies (de 20% par rapport à l'euro par exemple) en 2003, le gonflement du déficit commercial se poursuit et ce alors même que les Etats-Unis ont déjà accusé un trou budgétaire record de 374 milliards de dollars. Et c'est bien cette problématique des déficits jumeaux qui pèse sur le niveau du dollar.Sur le plan géographique, la question chinoise se pose avec une acuité particulière. Importations, exportations et déficit: tous les records ont été pulvérisés. Les Etats-Unis accusent un déficit bilatéral avec Pékin de 124 milliards de dollars, soit le quart du déficit total. Les Etats-Unis ont importé l'an dernier pour 152 milliards de dollars de biens en provenance de Chine, faisant de Pékin son deuxième partenaire en matière d'importations derrière le Canada et devant le Mexique. Mais le déficit a également atteint des records avec l'Union européenne, à 94 milliards de dollars. Avec la France, le déficit s'est creusé à 12 milliards de dollars.La publication des chiffres du commerce extérieur a fait vivement réagir le marché des changes, en propulsant momentanément l'euro jusqu'à 1,2894 dollar, soit à un souffle de son record historique du 12 janvier (1,2899 dollar). Des gains que la monnaie européenne a cependant assez vite reperdus. La Bourse, en revanche, a accusé le coup. La publication de ces deux statistiques a fait passer le CAC 40 d'un quasi-équilibre à une chute de 0,88% en fin d'après-midi.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.