Les attentats en Arabie poussent le baril à 42 dollars

Les terroristes d'Al-Qaida ont réussi leur coup : suite à leur attaque du week-end dernier en Arabie Saoudite, les prix du brut s'envolent aujourd'hui, et cela dans des proportions spectaculaires. A Londres, le baril de Brent s'adjuge vers 18h30 plus de 2 dollars, à 38,60 dollars, après être monté jusqu'à 38,70 dollars. Et à New York, un peu plus tôt, le baril avait établi un nouveau record à 42 dollars.C'est ce mardi seulement que les marchés pétroliers pouvaient réagir aux événements du week-end et ils ne s'en sont donc pas privés. La journée d'hier était en effet fériée aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et dans de nombreux pays européens. Mais il ne faisait de doute pour personne que la reprise des transactions, ce matin, serait marquée par une nouvelle poussée des cours du pétrole.En causant la mort de 22 personnes pendant le week-end à Al-Khobar, important centre pétrolier situé à l'est de l'Arabie, les terroristes ont en effet fourni aux marchés une raison de plus de s'inquiéter. On sait que la spectaculaire montée des prix du pétrole, ces dernières semaines, tient à une conjugaison de facteurs, au premier rang desquels figure la peur d'une déstabilisation de l'Arabie, premier fournisseur du monde occidental.Arabie, Irak, PalestineDès lors, et quels que soient les efforts déployés par les autorités saoudiennes pour affirmer que la situation est sous contrôle et que leurs exportations de pétrole ne sont pas menacées, les marchés ne peuvent que redouter les conséquences sur les flux pétroliers de la dégradation constante des conditions de sécurité dans la région : au problème de l'Arabie s'ajoutent en effet la crise irakienne qui ne permet pas d'espérer un retour rapide à la normale de la production de ce pays, et la situation en Palestine, qui contribue aux tensions dans la région.Dans ces conditions, et même si la production de pétrole par l'Arabie Saoudite n'a effectivement pas été perturbée pour le moment, les sentiments d'inquiétude prévalent, essentiellement pour des raisons psychologiques. La menace terroriste pèserait actuellement à hauteur de 7 à 10 dollars sur le prix du baril, estiment certaines analystes du secteur, dont IDEAglobal. Le brut vaut aujourd'hui environ 30% plus cher que la moyenne de l'an dernier à 28,90 dollars. Dans ce climat des plus pesants, pays producteurs et consommateurs n'ont guère de moyen de réagir. Bien sûr, l'Arabie multiplie les déclarations sur sa capacité à maintenir, et même à augmenter, sa production. Le pays pourrait ainsi passer de 9 millions de barils par jour à 10,5 ou 11 millions. Et l'Opep, qui se réunit jeudi à Beyrouth va d'ailleurs décider d'une augmentation de sa production. Ce matin, le ministre de l'Energie du Qatar, Abdallah ben Hamad al-Attiya, a déclaré à l'AFP que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole est proche d'un "consensus" sur ce point et est décidée à faire "tout ce qu'elle peut" pour ramener les cours sous contrôle. Impact économiqueLa paradoxe, c'est que tout le monde sait qu'une telle disposition ne règlera rien. Il n'y a pas en effet actuellement de manque de brut en tant que tel au niveau mondial. Les craintes liées au terrorisme ne seront pas écartées par une annonce d'un relèvement des plafonds de production, et cela d'autant moins que les plafonds actuels ne sont pas respectés par les pays producteurs.Quant aux autres raisons qui expliquent la forte tension sur les prix pétroliers - l'importance de la demande liée à la croissance économique aux Etats-Unis et en Chine, le manque d'essence conforme aux normes locales dans les différents Etats des Etats-Unis - elles ne seront pas davantage traitées par une mesure générale de l'Opep.Autant dire que le problème du pétrole cher n'est pas près de disparaître. Avec les conséquences qui finiront bien par en résulter sur la croissance économique. Mardi matin, le commissaire européen aux Affaires économiques, Joaquin Almunia, s'est voulu rassurant, affirmant que le maintien du prix du baril de pétrole à 40 dollars réduirait de deux dixièmes de point la croissance de la zone euro en 2004, ce qui "ne serait pas préoccupant". Il n'en demeure pas moins qu'en l'absence de tout espoir de résolution des conflits au Moyen-Orient, la perspective d'un pétrole demeurant très cher pendant une longue période ne peut que peser sur les anticipations économiques.
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