Bruxelles étend sa croisade contre les déficits

La France et l'Allemagne, longtemps désignés comme les vilains petits canards de la zone euro pour le dérapage de leurs finances publiques, ne seront plus les seuls à faire l'objet des remontrances bruxelloises. La Commission européenne, qui a révisé en baisse de 0,1 point sa prévision pour la croissance de la zone euro pour l'année en cours à 1,7%, a annoncé le lancement prochain d'une procédure pour déficit excessif à l'encontre des Pays-Bas. Quant à l'Italie, elle va se voir adresser un avertissement précoce. La vigilance de la Commission européenne s'exerce même hors de la zone euro puisque le Royaume-Uni va lui aussi faire l'objet d'une procédure pour déficit excessif.La Haye comme Londres ont transgressé en 2003 la règle du Pacte de stabilité qui fixe à 3% du PIB le maximum du déficit autorisé. La situation de l'Italie est un peu différente. Certes, Rome est parvenu à contenir son déficit sous les 3%, à 2,4%, mais Bruxelles estime qu'il devrait s'établir à 3,2% l'an prochain. Le fait que Rome ait interrompu le processus de réduction de la dette du pays, qui atteint 106% du PIB, constitue pour la Commission une circonstance aggravante. En 2004, seulement la moitié des pays de la zone euro devraient être en mesure de respecter la règle des 3%. Selon les prévisions de Bruxelles, l'Italie et la Grèce devraient afficher un déficit de 3,2% du produit intérieur brut, le Portugal 3,4%, les Pays-Bas 3,5%, l'Allemagne 3,6%, le bonnet d'âne revenant à la France avec un déficit de 3,7% du PIB. Cette estimation est légèrement supérieure à la prévision du gouvernement français, qui table sur 3,6%. Pour 2005, Bruxelles n'anticipe qu'une amélioration marginale à 3,5%, alors même que Paris s'est engagé à revenir sous les 3% à cette date.Cette promesse, Pedro Solbes, commissaire européen aux Affaires économiques et future ministre espagnol de l'Economie, ne s'est pas gêné pour la rappeler, assortissant ses propos d'une menace. Pour l'Espagnol, "si la France est au-dessus de 3% l'an prochain, il est clair que, sur la base de l'accord politique que les ministres des Finances ont adopté le 25 novembre dernier, la Commission devra agir". Et comme une réponse à Nicolas Sarkozy, le tout nouveau locataire de Bercy, Pedro Solbes a ajouté: "c'est très clair. Je suis le premier à avoir une lecture pragmatique et en même temps, je suis le premier à accepter que le pacte soit appliqué".De nombreux économistes doutent de la capacité du gouvernement français à ramener le déficit public dans les clous du Pacte, d'autant que la croissance tarde à vraiment bénéficier à la zone euro et que le désaveu consécutif aux élections régionales pourrait conduire le gouvernement à lâcher du lest - et de l'argent - sur certains dossiers (chercheurs, chômeurs, intermittents). Dans ce contexte caractérisé par de maigres marges de manoeuvres, les pouvoirs publics semblent décidés à accélérer les privatisations. Cet après-midi, Nicolas Sarkozy a indiqué que le gouvernement procèdera à l'ouverture du capital de la Snecma "avant l'été". Le budget 2004 attend 4 milliards d'euros de recettes au titre de ces privatisations, une goutte d'eau par rapport au déficit 2003 qui a dépassé les 63 milliards d'euros.
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