La difficile bataille du prix des SMS

L'équation du SMS est simple et limpide : 160 caractères = 140 octets = 15 centimes d'euro facturés au client. A ce prix, et pour le volume qu'il représente, le "texto" est de très loin le système de transfert de données le plus cher au monde. L'association de consommateurs UFC-Que choisir en a fait son cheval de bataille. Et il faut reconnaître avec elle qu'un prix unitaire identique pour les trois opérateurs, qui plus est inchangé depuis 1999, ne saurait refléter l'évolution d'un marché qui se gausse par ailleurs de ses gains de productivité.L'UFC, s'inspirant des méthodes de deux cabinets européens spécialisés, a abouti à un calcul qui peut faire bondir. A l'en croire, les opérateurs réalisent une marge de plus de 80 % sur chacun des milliards de "textos" qui transitent sur les réseaux. Mais il faut s'attendre à ce que les opérateurs ne laissent pas s'envoler ce qui est incontestablement une manne très juteuse. La bataille s'annonce rude et incertaine.En lançant chacun des forfaits de SMS, avant tout pour développer l'usage, les opérateurs affirment ainsi qu'il ont baissé son prix moyen. Qu'importe si le prix unitaire, celui payé par une grande partie des abonnés, n'a pas changé. Face à l'accusation de marges faramineuses, Orange a même préféré révéler qu'il réalisait une marge inférieure à 50% sur les SMS facturés sur son réseau. Bouygues Telecom n'a pas suivi, mais chez SFR on a reconnu mezza voce être "dans ces eaux là". Qu'importe si ces chiffres, tenant compte selon l'opérateur des coûts de réseaux, de marketing, etc., sont difficilement vérifiables et s'ils sont d'ailleurs contestés. Dans Le Monde, cette semaine, le patron de Tele2 France, l'opérateur fixe d'origine suédoise, présent sur d'autres marchés européens comme opérateur mobile virtuel, n'y va pas de main morte: "La fabrication d'un SMS ne coûte rien, pas un centime d'euro!", affirme-t-il. Selon lui, les "textos" n'encombrent pas le réseau et occupent dans le tuyau les espaces laissés libres par la voix. Les éléments à charge ne manquent donc pas. Pour autant, il est peu probable de voir baisser significativement le prix unitaire du SMS. D'abord parce que le régulateur des télécoms et le Conseil de la concurrence doivent réaliser, avant toute décision, une analyse aussi approfondie que longue pour évaluer la chaîne de valeur du SMS. Ensuite, parce que l'usage aujourd'hui effréné du "texto" est a priori déconnecté de son prix. En Allemagne, où il est plus cher qu'en France, il s'en échange davantage que chez nous. Enfin, et surtout, parce qu'il constitue le gros du chiffre d'affaires et des profits des opérateurs en dehors de la voix. Les chiffres montrent même qu'il est un des rares segments où la hiérarchie Orange - SFR - Bouygtel se trouve modifiée. En volume au quatrième trimestre, ce sont les abonnés SFR les plus accros (44% du marché) devant Orange (40%) et Bouygtel (15,4%). Au nombre de "textos" envoyés par client, on retrouve encore SFR (24), mais suit Bouygtel (18) puis, seulement, Orange (16).
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