Le téléphone portable règnera toujours dans l'Europe élargie

C'est l'un des legs de la période communiste qui a marqué l'histoire récente de huit des nouveaux entrants de l'Union européenne. Dans ces pays de l'Est, il y a à peine une quinzaine d'année, avoir chez soi une ligne de téléphone fixe était encore un signe extérieur de richesse. Et depuis la chute du rideau de fer, ces pays n'ont que très partiellement rattrapé leur retard. En Pologne, le taux d'équipement en lignes fixes atteint ainsi une petite moitié de la population, malgré les efforts de TP Group, l'opérateur historique contrôlé par France Télécom. Pire, dans certains pays, après une période de rattrapage dans les années 90, le nombre de lignes fixes s'est mis à reculer. En Lituanie, cette baisse a par exemple atteint 16 % en 2003 pour l'opérateur historique Lituevos Telekomas.C'est que, dans le même temps, les pays de l'Est ont connu un développement très rapide de la téléphonie mobile. La République tchèque, la Slovénie ou l'Estonie atteignent dans le mobile un taux d'équipement équivalent, voire supérieur, à la moyenne de l'Europe occidentale. Et ceci fait dire avec pertinence aux analystes du cabinet Ovum, dans une récente étude, qu'il est faux de considérer les nouveaux entrants comme des marchés simplement identiques à ceux de l'Europe de l'Ouest, mais avec quelques années de retard. Le faible développement du fixe et l'hyper croissance du mobile sont en effet un trait original de l'est de l'Europe. Là où à l'ouest on parle de "substitution entre le fixe et le mobile" pour expliquer l'arbitrage qui conduit les utilisateurs à ne plus posséder qu'un téléphone portable, à l'est cela va plus loin : nombreux sont les abonnés dont le premier téléphone est tout simplement un portable. Ils privilégient ainsi un mode de communication qui reste tout de même plus cher que la téléphonie fixe traditionnelle, ce qui peut expliquer pourquoi les pays d'Europe de l'Est dépensent davantage que les Quinze pour leurs communications, malgré des niveaux de salaire nettement inférieurs. Selon Ovum, ces dépenses atteignent 2% du PIB à l'est, contre 1,2% seulement à l'ouest. La croissance du portable ayant été aussi rapide que récente, on trouve chez les nouveaux entrants les téléphones dernier cri, avec appareil photo, écran couleur, fonctions multimédias. Mais, ce développement du mobile au détriment évident du fixe n'est pas sans effet pervers, puisqu'il limite tout particulièrement le déploiement de l'accès à Internet. La ligne fixe en reste le vecteur privilégié dans des pays où le câble est peu répandu. Certains imaginent que le développement du mobile pourrait aller jusqu'à favoriser, plus qu'à l'ouest, l'émergence du haut débit sur les mobiles par le GPRS, l'EDGE ou l'UMTS. Mais, pour l'heure, les opérateurs restent très prudents. Tout comme ceux des Quinze.
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