Les frères Barclay rachètent le Daily Telegraph

L'épique feuilleton du Daily Telegraph touche à son terme: le groupe Hollinger International, son propriétaire, a accepté de vendre le quotidien aux frères Barclay pour 729,5 millions de livres (1,094 milliard d'euros). Ces derniers l'emportent ainsi sur le groupe d'investissement 3i, le dernier candidat encore en lice dans ces enchères après les récents retraits d'Alex Springer et du Daily Mail & General Trust. Néanmoins, Conrad Back, l'ancien patron d'Hollinger, dont il détient 30% des parts et 70% des droits de vote, a fait savoir qu'il devait encore donner son accord à la transaction. Quelques joutes sont donc à prévoir, même si Hollinger a fait savoir que l'opération devrait être menée à terme le 30 juin.La direction du quotidien britannique, qui est vendu avec les deux autres journaux du Telegraph Group (The Sunday Telegraph et The Spectator), se réjouit de cette décision, qui met fin à plusieurs mois de forte instabilité au sein du journal. "C'est le premier jour d'une nouvelle vie pour les employés du Telegraph Group, qui ont enduré des mois d'incertitude avec beaucoup de persévérance, a avoué Jeremy Deedes, son PDG. Je pense que nous nous retrouvons non seulement dans de bonnes mains, mais aussi avec de nouveaux propriétaires qui ont une tradition de développer et d'investir dans leurs acquisitions." Son de cloche identique chez le vendeur, Hollinger International. Son président Gordon Paris a fait savoir qu'il était "extrêmement satisfait de cette vente importante". "The Daily Telegraph, The Sunday Telegraph et The Spectator vont être dans de bonnes mains, avec des dirigeants qui connaissent leur rôle." Hollinger peut d'autant plus s'avouer heureux qu'il a obtenu un excellent prix des trois journaux: la presse britannique estimait en effet que les discussions tournaient plutôt entre 660 et 690 millions de livres.Les frères Barclay s'emparent donc d'un fleuron de la presse britannique: le Daily Telegraph, journal phare des Conservateurs britanniques, vend 900.000 exemplaires chaque jour. Les deux hommes d'affaires parviennent à leur fin après plus d'un an de tentatives infructueuses. En mai 2003, ils avaient une première fois fait part de leurs intentions à Conrad Black, recevant un refus catégorique de la part de celui qui était alors l'homme fort d'Hollinger. Un nouvel essai en septembre 2003 avait été reçu tout aussi froidement, avant que leur interlocuteur ne réouvre de lui-même les discussions le 11 novembre. Moins d'une semaine plus tard, il était poursuivi par le conseil d'administration d'Hollinger pour malversations financières. Au début de l'année 2004, enfin, Conrad Black avait accepté de vendre ses parts du Telegraph Group pour 420 millions de dollars canadien (254,58 millions d'euros) mais la justice américaine, saisie par les autres actionnaires d'Hollinger, avait rapidement invalidé la cession. Les deux frères jumeaux Barclay ne sont pas des novices dans le secteur de la presse. Entrés dans le secteur en 1992 avec le rachat de l'hebdo en difficultés The European, aujourd'hui disparu, ils ont poursuivi leurs investissements dans le secteur avec le quotidien écossais The Scotsman et l'hebdomadaire financier The Business. Leur fortune personnelle, évaluée à 650 millions de livres, vient de l'immobilier et de l'hôtellerie, avec comme joyau l'hôtel Ritz de Londres.
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