L'acquisition de Viborg plombe l'exercice 2003 de Michelin

Le fait d'amortir un écart d'acquisition en seulement un an est à double tranchant. S'il permet de vite tourner la page et de ne pas voir ses résultats amputés d'année en année, il a en revanche l'inconvénient de plomber l'exercice concerné par l'amortissement anticipé. C'est aujourd'hui ce qui explique le plongeon de 45%, à 318 millions d'euros, accusé par le résultat net de Michelin en 2003.Car le manufacturier a comptabilisé sur la seule année 2003 l'écart d'acquisition de 306 millions d'euros relatif à la reprise en main du distributeur danois de pneumatiques Viborg, finalisée en avril dernier. Le plongeon des bénéfices est donc tout relatif, d'autant que dans le même temps, Michelin a comptabilisé pour 192 millions d'euros de charges de restructuration, touchant essentiellement l'Espagne.Pour le reste, les résultats sont en ligne avec les attentes, comme le confirme Gaëtan Toulemonde, chez Deutsche Bank. "Tout est bon, il n'y a pas de surprise sur les résultats et pas non plus sur les prévisions", résume-t-il.Avec un résultat d'exploitation en baisse de 6,7% à 1,14 milliard d'euros, la marge a perdu 0,4 point en un an, à 7,4%. Un phénomène imputable à l'environnement peu favorable selon le groupe, et plus particulièrement à la mauvaise tenue du dollar. Celle-ci a en effet annulé l'effet positif de la croissance organique, faisant même reculer les ventes de 1,8%, à 15,37 milliards d'euros. "Le renchérissement des matières premières en particulier, mais aussi l'alourdissement des dépenses de santé, de l'énergie, des coûts de transport et les fluctuations monétaires nous ont coûté près de 520 millions d'euros de résultat d'exploitation, à volumes comparables", constate de surcroît Michelin.L'impact sur la marge est indéniable. Le groupe auvergnat estime à -0,4 point l'effet de la baisse du dollar et à -2,2 points celui du renchérissement des matières premières. En comparaison, l'impact de l'acquisition de Viborg (déficitaire sur le plan opérationnel) apparaît anecdotique. Il est de -0,3 point.Côté perspectives, Michelin s'était récemment inquiété de la pression continue sur le dollar (voir ci-contre). Si elle favorise ses achats, elle pèse en revanche sur ses ventes. D'autant que le décalage entre l'achat et la consommation des matières premières ne joue pas en sa faveur (les matières utilisées aujourd'hui ont été acquises il y a plusieurs mois à une parité euro-dollar moins favorable).Les équipes de SG Securites estimaient récemment que la situation devrait se régulariser au second semestre 2004. Un point de vue semblable à celui de Michelin qui, en janvier, a réaffirmé qu'il visait une marge d'exploitation de 10%. Mais le marché devra se montrer patient. Car cet objectif ne sera atteint qu'à partir de 2005. Pour l'année qui vient de débuter, le Clermontois s'est encore montré prudent. N'estimant pas à plus de 1 à 2% la croissance de ses marchés, il a rappelé que "les pressions inflationnistes externes, en particulier le prix des matières premières, devraient demeurer élevées, tout comme l'euro par rapport au dollar".En Bourse, l'action cède 3,41%, après avoir pris quelque 8% depuis le début de l'année.
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