Shell plonge en Bourse après une révision en baisse de ses réserves

Les valeurs pétrolières constituent traditionnellement un secteur aux mouvements boursiers modérés. Cela n'empêche toutefois pas le titre Royal Dutch/Shell de plonger de 7,8% ce vendredi à Amsterdam et ce dans des volumes soutenus puisque plus de 48 millions de pièces ont changé de mains, soit sept fois plus que le volume quotidien moyen des trois derniers mois.Ce mouvement d'ampleur fait suite aux déclarations du groupe anglo-néerlandais, qui un peu plus tôt a annoncé qu'il abaissait de 20% ses estimations de réserves prouvées (au 31 décembre dernier, elle atteignaient plus de 13 ans de production). Cet ajustement concerne des nappes en Australie et au Nigeria, les deux-tiers étant des réserves de pétrole et le reste des réserves de gaz naturel. Ces réserves exclues aujourd'hui seront en principe réintégrées au fur et à mesure du développement des champs.A première vue (surtout aux yeux de la société), la révision n'a rien d'alarmant. Elle "n'aura pas d'impact sur les annonces financières publiées jusqu'à 2003", précise un communiqué. De surcroît, la production à moyen terme d'hydrocarbures ne devrait pas être affectée. Comme l'avait déjà annoncé Shell, elle restera "globalement stable" entre 2003 et 2005.Pour autant, et c'est bien là ce qui explique la déception du marché, ce retraitement ne sera pas sans effet. Il y aura notamment un impact sur la valeur actualisée des futurs flux de trésorerie liés aux réserves prouvées. La réduction des flux ne sera toutefois "que" de 10%, les réévaluations concernant en majorité des réserves encore non exploitées.Mais, au-delà de ces quelques effets comptables, c'est bien l'avenir de la société qui inquiète les analystes après cette annonce. Car selon les chiffres préliminaires, le taux de remplacement des réserves pour 2003 est prévu entre 70 et 90%. En d'autres termes, Shell a trouvé l'an passé moins d'hydrocarbures qu'il n'en a pompés. "Cela va être la troisième année d'affilée que le taux de remplacement des réserves de Shell va se situer en dessous de 100%", déplore Merrill Lynch, qui vient d'abaisser sa recommandation sur le titre, arguant que cette réévaluation "soulève des questions quant à la durabilité de la croissance future". Inévitablement, renchérit un analyste cité par Reuters, cela "va avoir un impact sur la valorisation à long terme du groupe." Quant à l'agence de notation Standard & Poor's, elle a décidé de placer sous surveillance négative la note de la dette à long terme de Shell.
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