Bruxelles confirme la condamnation de Microsoft

Mario Monti, le commissaire européen à la Concurrence, a rendu son verdict : après quatre années d'enquête, Bruxelles condamne comme attendu Microsoft pour "abus de position dominante". "Microsoft devait savoir qu'il violait les règles", a-t-il ainsi déclaré lors d'une conférence de presse. Dans son communiqué, la Commission dénonce "un comportement illicite" et "des abus très graves" de la part de l'éditeur de logiciels. "La décision d'aujourd'hui rétablit les conditions pour une juste compétition dans le marché concerné et établit des principes clairs pour la conduite future d'une compagnie avec une position dominante aussi forte."Le géant américain dispose de quatre mois pour changer sa manière de travailler en Europe car son "comportement illégal se poursuit". Tout d'abord, il reçoit la plus lourde amende jamais infligée par la Commission - le chiffre de 497 millions d'euros révélé hier est confirmé. Mais ce montant, calculé sur la base du chiffre d'affaires européen de l'éditeur, ne représente qu'une goutte d'eau dans l'océan de sa trésorerie de 53 milliards de dollars (lire ci-contre).Plus grave pour Microsoft, les deux dispositions imposées par Mario Monti en matière technique et commerciale. L'entreprise dirigée par Steve Ballmer a 90 jours pour proposer à ses utilisateurs une version du système d'exploitation Windows dépourvue du logiciel de lecture de fichiers audio et vidéo Media Player. Surtout, Windows devra être totalement compatible avec les logiciels de ses concurrents. Pour ce faire, Microsoft devra fournir à ces derniers dans les 120 jours des données technologiques jusqu'alors confidentielles, relatives à son système d'exploitation (lire ci-contre). Une équipe technique sera chargée de surveiller que les informations données par Microsoft soient "complètes et exactes, et que les deux versions de Windows seront équivalentes en termes de performance".Deux grands concurrents de l'entreprise se sont aussitôt félicités de ces annonces. Realnetworks, qui fabrique le principal logiciel concurrent de Windows Media Player, estime dans un communiqué que la décision de ce matin est "fondamentalement importante parce que la Commission européenne a formellement affirmé que la stratégie de Microsoft d'intégrer Media Player (à Windows) est illégale". "Cette décision n'intervient pas trop tard" et "elle confirme le bien-fondé de notre poursuite devant la justice américaine." De son côté, Sun Microsystems estime que la décision de la Commission "crée un précédent".Comme prévu, le conseiller juridique de Microsoft a annoncé que la société "fera appel de cette décision auprès de la Cour européenne de première instance". La création d'interfaces permettant de dialoguer avec Windows est "un accord de licence obligatoire", qui viole "le copyright, les droits liés au brevet et le droit au secret des affaires", a-t-il souligné. Cette démarche "non seulement sort de la loi européenne" mais ignore les obligations de l'Union européenne découlant des accords sur la propriété intellectuelle au sein de l'Organisation mondiale du commerce", a-t-il affirmé.Microsoft demandera la suspension de plusieurs mesures, notamment l'obligation de fournir une deuxième version de Windows sans Media Player. Les déboires de l'enteprise américaine avec la Commission ne s'arrêteront pourtant pas là: une autre plainte a été déposée contre Windows XP. Selon Mario Monti, celle-ci sera "examinée sur ses mérites propres" par la Commission.En fin de matinée à la Bourse de New York, l'action Microsoft gagnait 0,95% à 24,38 dollars.
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