Simplification capitalistique chez L'Oréal

Par latribune.fr  |   |  501  mots
Remue-ménage dans le capital de L'Oréal. Les deux principaux actionnaires du géant de la cosmétique, Nestlé et la famille Bettencourt, ont en effet mis fin à un accord d'actionnariat vieux de 30 ans, qui devait arriver à expiration en mars prochain. Désormais la famille Bettencourt détiendra directement 27,5% du capital de L'Oréal et 28,6% des droits de vote. De son côté, la firme suisse aura la propriété de 26,4% du capital du numéro un mondial de la cosmétique et de 27,5% des droits de vote. Jusqu'ici, les deux entités étaient actionnaires à respectivement 51% et 49% d'une holding, Gesparal, qui possédait 53,7% du capital et, grâce à un système de droits de vote doubles, 71,7% de ces droits. Dans la nouvelle structure, les droits de vote doubles sont supprimés.La structure capitalistique de L'Oréal est donc considérablement simplifiée. Dans un communiqué, le groupe précise que ces modifications n'auront d'impact ni sur les résultats ni sur la structure financière du groupe. Le conseil d'administration devrait cependant subir quelques modifications. L'assemblée générale du 29 avril devrait en effet proposer la nomination de trois administrateurs représentant la famille Bettencourt et de trois administrateurs représentant Nestlé. Les deux vice-présidents de ce conseil devraient également représenter les deux grands actionnaires. "Cet accord renouvelle la stabilité de notre actionnariat et conforte le management dans sa stratégie de croissance à long terme", a précisé le président de L'Oréal, Lindsay Owen-Jones. Pas si sûr. Car avec cette structure, L'Oréal devient une proie idéale pour un éventuel prédateur. Nestlé a en effet désormais, comme la famille Bettencourt, selon les termes de l'accord, la possibilité d'apporter ses titres à une offre publique d'achat. Il sera également possible à un des deux actionnaires de surenchérir. A l'inverse, du vivant de Liliane Bettencourt et pour une durée minimale de trois ans, les deux entités n'ont pas le droit d'augmenter leur participation dans le groupe. Pour Nestlé, cet accord est une bonne nouvelle, il lui donne un levier futur pour une éventuelle grosse acquisition dans son coeur de métier. De plus, le groupe suisse se débarrasse d'une importante épée de Damoclès, car selon le pacte d'actionnaires précédent, si la famille Bettencourt voulait vendre ses parts, Nestlé devait lui racheter. Mais de l'avis de nombreux analystes, le groupe de Vevy ne devrait pas bouger pour le moment, trop occupé à digérer ses dernières acquisitions. A Zurich, le titre a pourtant gagné 2,41% en fin de séance. Du côté de L'Oréal, Lindsay Owen-Jones a rappelé que son groupe n'était pas "une petite société vulnérable" et qu'il était difficile "de rapprocher L'Oréal d'une autre société de son secteur" en raison des problèmes concurrentiels. Mais il n'empêche que le groupe pourrait devenir dans les mois qui viennent une valeur spéculative. En clôture, le titre progresse de 0,94%.