Le ciel de Ryanair s'assombrit

La période où Ryanair affichait une insolente croissance bénéficiaire est désormais révolue. Mercredi matin, la compagnie irlandaise a prévenu que son bénéfice annuel avant exceptionnels (à fin mars) devrait tomber à 215 millions d'euros, soit un repli de 10% par rapport aux 239 millions d'euros dégagés un an plus tôt. Jusqu'ici, elle espérait une hausse sensible de ses profits.La raison de cet ajustement: une pression continue sur les tarifs, qui met à mal le rendement. Ryanair en avait déjà fait part depuis le début de l'exercice (avec des baisses de prix de 12% au premier semestre et de 11% au troisième trimestre). Mais au quatrième trimestre de l'exercice (janvier-mars), elle devrait prendre des proportions encore plus spectaculaires. Le transporteur attend un repli de 25 à 30% sur la base des réservations actuelles en précisant: "nous restons très prudents dans nos prévisions de tarifs et de rendements".Quant aux mois suivants, la visibilité semble encore plus réduite. Même si à l'évidence le déclin des rendements devrait être moins prononcé, "il est impossible dans l'environnement actuel de faire des prévisions exactes sur les tarifs et les rendements", a déclaré le patron, Michael O'Leary.Du coup, les chiffres du troisième trimestre (octobre-décembre) sont passés quasiment inaperçus. Pourtant, la compagnie a encore fait preuve de résistance. La baisse des tarifs a été compensée par une augmentation de 54% du nombre de passagers. Ainsi, le résultat après impôts et avant exceptionnels a progressé de 10%, à 47,5 millions d'euros.Mais cela pèse bien peu dans la balance. Habitué à des chiffres et des perspectives de haute volée de la part de Ryanair, le marché se veut particulièrement déçu et sanctionne le titre de plus de 25% en fin de journée. Il faut dire que le reste de l'actualité n'est guère plus réjouissant pour les actionnaires du groupe. Alors que la compagnie vient de subir un revers face à la justice française concernant les aides qu'elle recevait des aéroports où elle s'implante (voir ci-contre), on attend maintenant la décision de la Commission européenne à propos des avantages accordés à la compagnie par la Wallonie pour son implantation à Charleroi. Or, tout porte à croire que Bruxelles va adopter une position assez rigide sur le sujet. En d'autres termes, le groupe craint d'avoir à rembourser plusieurs millions d'euros et, à plus longue échéance, il va devoir apprendre à vivre sans subventions. Même si son trafic n'est dirigé qu'à 20% vers des aéroports publics, une partie de son modèle économique pourrait donc être remise en cause.
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