Telefonica se renforce en Amérique latine

Par latribune.fr  |   |  532  mots
Conformément à ce qu'attendaient depuis la semaine dernière les marchés, l'opérateur historique espagnol Telefonica a annoncé qu'il reprenait l'intégralité des filiales de téléphonie mobile latino-américaines de l'américain BellSouth en Argentine, au Chili, au Pérou, au Venezuela, en Colombie, en Equateur, en Uruguay, au Guatemala, au Nicaragua et au Panama. Via sa filiale à 93% Telefonica Moviles, le groupe espagnol devrait également reprendre l'intégralité des dettes des compagnies rachetées. Selon BellSouth, la dette reprise devrait s'élever à 1,5 milliard de dollars. A noter également que Telefonica lancera une offre sur les participations minoritaires de ces filiales. En tout, l'opérateur espagnol déboursera jusqu'à 5,85 milliards de dollars. Pour Telefonica, l'opération est d'importance. Sa position sur les marchés latino-américains en est évidemment renforcée. Selon JP Morgan, jusqu'en 2006 la croissance des ventes de Telefonica devrait atteindre 4,5% par an, contre moins de 4% actuellement. Un taux qui devrait être le plus important parmi les opérateurs européens. Le groupe espagnol devrait également profiter de la bonne croissance des opérateurs rachetés (+59% au quatrième trimestre sur un an), d'autant que la région semble revenir dans une phase de croissance. Quant au prix, il semble plutôt raisonnable. D'autant qu'avec ses presque 9 milliards d'euros de liquidités disponibles à la fin de l'année 2003 et son niveau très faible d'endettement, le risque, notamment sur les ratios d'endettement, est très faible. De plus, selon le quotidien économique espagnol Cinco Dias, l'opération devrait intégrer jusqu'à 3 milliards de dollars de goodwill. Or, l'amortissement de ce goodwill est déductible des impôts sur les sociétés, selon la loi espagnole. Cinco Dias estime donc que sur 20 ans, Telefonica pourrait déduire près d'un milliard d'euros. Un chiffre qui s'ajoute au milliard de dollars de synergies que le groupe espagnol espère dégager de ces fusions. Reste que certains problèmes demeurent. "J'ai des doutes sur la stratégie [de Telefonica]", précise Glen Spencer-Chapman, analyste chez Ibersecurities. En effet, le groupe espagnol fera son entrée sur certains marchés encore peu rentables, comme en Amérique centrale (hors Mexique) et il devra faire face à l'accord des autorités de régulation dans d'autres pays. Or, Telefonica est déjà présent dans certains pays où il rachète des opérateurs. C'est surtout vrai en Argentine, où le groupe espagnol pourrait bien se retrouver en position de quasi-monopole. Globalement, le marché latino-américain devient la proie de trois grands opérateurs. Outre Telefonica, le Mexicain America Moviles et l'Italien Telecom Italia sont les deux autres grands opérateurs présents dans le secteur. L'Italien reste cependant le petit poucet de la région. On peut en tout cas s'attendre rapidement à une réponse du Mexicain, notamment avec un rachat au Brésil, premier marché régional de Telefonica.Du côté de BellSouth, on devrait récupérer 4,5 milliards de dollars de cette vente. Une manne directement destinée à financer le rachat de AT&T Wireless par Cingular, dont il détient 40%, le solde revenant à SBC. Lundi, à Madrid, le titre Telefonica a perdu 0,08% et celui de Telefonica Moviles 0,66%.