Roche subit un échec dans la recherche contre le Sida

Coup d'arrêt à la recherche sur le Sida et aux espoirs qu'y mettait Roche. Dans la nuit de lundi à mardi, la firme de biotechnologie Trimeris, partenaire du laboratoire suisse, a en effet annoncé qu'elle stoppait les recherches portant sur un médicament contre le Sida, désigné sous le nom de code T-1249. Cet arrêt a été décidé en raison d'un "défaut dans la formule" du produit, sans que les deux firmes ne précisent en quoi consistait exactement ce "défaut". Le coup est d'abord très rude pour Trimeris. La firme américaine n'avait en effet aucun autre médicament en développement. Le groupe a donc annoncé dans l'immédiat la suppression de 30 emplois, soit près du quart de ses effectifs actuels. Selon David Bouchey, analyste chez CE Unterberg, cité par Reuters, il faudra attendre entre deux et cinq ans pour qu'un nouveau produit puisse être lancé par Trimeris. A la mi-séance, le titre de la biotech de Durham, en Caroline du Nord, perdait plus de 14%. Roche, de son côté, parle d'un "contretemps". Le président de Trimeris a également voulu insister sur le fait que le T-1249 n'était pas mort. "Nous suspendons les essais cliniques jusqu'à ce que nous parvenions à une formule qui remplisse nos objectifs", a précisé Dani Bolognesi. Roche a également précisé qu'il restait "impliqué dans le développement des inhibiteurs fusionnels", la classe de produits à laquelle appartient le T-1249. Comme le Fuzeon, lancé en mars dernier sur le marché, le T-1249 devait en effet empêcher le virus du Sida de pénétrer dans les cellules humaines et de s'y développer. Les personnes séropositives peuvent ainsi ne pas développer la maladie. Trimeris s'est spécialisé dans ces produits et a développé un partenariat étroit avec le laboratoire bâlois. C'est d'ailleurs de cette collaboration qu'est issu le Fuzeon, le premier inhibiteur fusionnel mis en vente. Désormais, donc, l'avenir de Trimeris et plus généralement de la recherche dans ce domaine, dépend du succès du Fuzeon. Or, pour le moment, ce produit a pris un départ particulièrement lent. Roche prévoyait des ventes pouvant atteindre 400 millions de dollars par an. Mais au troisième trimestre 2003, les ventes américaines de Fuzeon n'ont pas dépassé 11 millions de dollars.Trois raisons expliquent ce mauvais départ. D'abord, son prix. A 20.000 euros le traitement annuel, le Fuzeon reste peu abordable, mais Roche et Trimeris expliquent que la molécule du Fuzeon est "l'une des plus complexes jamais mise sur le marché". Deuxième problème majeur, le manque de volonté des assureurs de couvrir ce médicament. Enfin, le Fuzeon est encore peu connu en raison du faible effort marketing développé par le groupe bâlois. Roche a cependant annoncé lundi qu'il allait accélérer ses dépenses de marketing sur le Fuzeon. Dans l'immédiat donc et compte tenu de la faiblesse actuelle de ce marché, l'impact boursier sur Roche reste limité. Néanmoins, précise un vendeur actions cité par Reuters, "certains prennent cette excuse pour vendre le titre". L'action a perdu 0,60% mardi à Zurich.
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