Nouvelle intervention de la Banque du Japon pour soutenir le dollar

Alors que la BCE semble progressivement prendre conscience de l'importance d'une action contre la faiblesse du dollar, (lire ci-contre), la Banque du Japon (BoJ) se pose moins de questions. Dans la matinée de vendredi, la BoJ est intervenue deux fois sur le marché des changes pour stopper net la baisse du billet vert face au yen. Alors que le dollar se négociait aux alentours de 106,20 yens, la BoJ est intervenue une première fois pour casser la "résistance technique" des 106,50 yens. Puis, l'institut nippon est intervenu massivement en inondant le marché de yens, portant le billet vert à 108,30 yens, son plus haut depuis le 15 décembre dernier. Vers 8h30, le dollar avait cependant repris sa chute après cette intervention, en se situant aux alentours de 107 yens. Et les mauvais chiffres de l'emploi américain (lire ci-contre) ont définitivement relancé le mouvement de hausse de la monnaie japonaise. Vers 17h30, il fallait 106,48 yens pour un dollar. A Tokyo, le ministère des Finances a refusé de commenter cette intervention, mais selon Reuters, un officiel de ce ministère aurait affirmé que la force du yen était due à des "spéculations" et ne reflétait pas la situation relative des économies japonaise et américaine. Certes, la faiblesse du dollar semble disproportionnée au regard de la vigueur de la reprise américaine au troisième trimestre (8,2% contre 2,2% pour le Japon). Mais la pérennité de cette dernière n'est pas acquise et que les déficits jumeaux américains entraînent toujours plus bas le billet vert. Une situation qui inquiète évidemment Tokyo puisque la reprise nipponne se fait pour le moment surtout par les exportations.En tout cas, cette nouvelle intervention de la BoJ est une leçon pour l'Europe qui cherche des solutions pour contrer la faiblesse du dollar. Car chacun convient que ces ventes de yens, si elles ont pu ralentir parfois le déclin du billet vert, n'ont en rien affecté la tendance générale à la baisse. Ainsi, l'an passé, la BoJ a dépensé 2.010 milliards de yens (environ 150 milliards d'euros) pour intervenir sur le marché, ce qui n'a pas empêché la devise japonaise de glisser de 10% sur un an face au dollar. Interrogé par Bloomberg, Naomi Fink, stratégiste chez BNP Paribas, estime que "le marché va continuer à pousser le yen vers le haut". Il estime que le dollar pourrait s'échanger contre 103 yens d'ici à la fin mars. De son côté Mike Newton, de chez HSBC, voit la barre des 100 yens dépassée au premier trimestre.Stopper le dollar dans sa chute paraît donc actuellement une gageure tant le marché semble vouloir vendre du billet vert. Et les taux bas pourraient bien n'y rien changer: rappelons que le taux de base de la BoJ est proche de 0%. Du coup, Mike Newton comprend l'intervention de ce vendredi comme un avertissement: "Le Japon, estime-t-il, est prêt à accepter une légère appréciation du yen, mais il est clair qu'il ne tolérera pas un rythme trop important". L'argent dépensé sur le marché est sans doute le prix de cette fermeté. Une fermeté qui a permis au yen de s'apprécier nettement moins que l'euro en 2003. C'est peut-être ce type de message qui manque en Europe pour empêcher la monnaie unique de s'envoler comme cela a été le cas cette semaine.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.