L'Internet français accède à l'âge adulte

"La révolution de velours est en marche", tel est le titre choisi par l'institut Médiamétrie pour sa première étude dressant le portait d'Internet en France. Principale leçon : les années noires qui ont succédé à la bulle spéculative des années 1997/2000 sont terminées et un nouveau cycle de croissance est en cours. "Tous les fondamentaux sont au vert", a affirmé François-Xavier Hussherr, le directeur du département Internet et Nouveaux Médias de Médiamétrie.Les chiffres sont éloquents. La barre des 20 millions d'internautes a été dépassée en 2003. Au quatrième trimestre, 21,8 millions de Français étaient connectés, soit une croissance de 21% sur un an. Certes, la hausse est à mettre au compte de la progression du taux d'équipement en micro-ordinateurs, qui était de 42,7% au quatrième trimestre 2003. Mais cette nouvelle vie, Internet la doit surtout au succès du haut débit qui séduit de plus en plus. Environ un tiers des foyers équipés possédaient une connexion haut débit fin décembre, contre 23,6% un an avant. Au sein même du foyer, l'arrivée de l'Internet rapide encourage plus d'individus à surfer, une habitude jusque là réservée à un petit nombre d'initiés. D'ailleurs, la population des internautes s'est démocratisée. L'utilisateur du Web n'est plus ce cliché du jeune cadre urbain et branché : la Toile s'est féminisée tandis que sont arrivées de nouvelles populations, telles que les ouvriers, les employés et les seniors. Les usages changent aussi. Haut débit et donc connexion illimitée aidant, on passe plus de temps sur la Toile, en moyenne 30% de plus en 2003 qu'en 2002. L'an passé, un internaute naviguait 14 heures 06 minutes par mois, à raison de plus de 17 heures pour un connecté haut débit et moins de 6 heures pour un bas débit. Les champs d'intérêts s'étendent : les internautes ont visité en moyenne 66 sites en 2003, soit 18% de plus qu'en 2002. Certes, la qualité de la connexion n'est pas étrangère à ce succès. Mais c'est aussi le fruit de l'apprentissage. L'utilisation régulière du Net ces dernières années a aguerri des internautes qui découvrent régulièrement de nouveaux usages. La Toile est devenue cet instrument qui les accompagne tout au long d'une journée active : les audiences les plus fortes sont enregistrées entre 10 heures et 18 heures, mais ralentissent le week-end et pendant les vacances d'été.La confiance et l'habitude sont aussi à l'origine de l'explosion du commerce en ligne : 8,3 millions d'internautes avaient acheté sur le Net en décembre. Depuis deux ans, le nombre d'acheteurs en ligne enregistre une croissance fulgurante : +47% entre 2001 et 2002 et +48% entre 2002 et 2003. "Une fois la barrière de la Carte Bleue passée, les gens reviennent [sur le site marchand, ndlr]", note François-Xavier Hussherr. Et la tendance devrait se poursuivre. Si Médiamétrie ne fait pas de projection, l'association des cyber-commerçants français, l'ACSEL, assurait en février dernier que l'achat en ligne avait généré 5 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2003 et prévoyait entre 7 et 8 milliards de revenus cette année.Et la navigation sur le Web n'est que la partie émergée de l'iceberg. Au delà du surf, l'internaute apprécie une foule d'autres applications. Première d'entre elle : le mail (15,8 millions d'internautes en 2003, soit +20,6% en un an). Derrière, le téléchargement de fichiers, audios, vidéos... "légal ou pas", précise François-Xavier Hussherr, fait des émules avec 7 millions d'adeptes par mois en moyenne (+13%). "En janvier, [le logiciel de peer to peer] Kazaa comptait 1,3 million d'utilisateurs et Emule 1,8 million", précise-t-il. L'année a enfin été marquée par l'explosion des messageries instantanées, avec 5,4 millions d'utilisateurs fin 2003, dont 4,3 millions pour MSN de Microsoft, 561.000 pour Yahoo ! Messenger et 400.000 pour Wanadoo.Si l'Internet français a pendant longtemps eu la triste réputation d'être en retard par rapport à ses voisins européens, il est aujourd'hui "dans la moyenne", selon François-Xavier Hussherr. Mais avec un taux de pénétration de 30 à 31% dans les foyers, la France reste encore derrière ses voisins que sont l'Allemagne (39% au quatrième trimestre 2003) et le Royaume-Uni (42%).
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