"Les places d'Europe centrale permettent d'acheter une croissance plus élevée pour moins cher"

latribune.fr: Quelle sont les places d'Europe centrale les plus importantes? Nicolas Picard: La Pologne est sans conteste la place la plus importante de la région puisque la Bourse de Varsovie représente près de la moitié de la capitalisation d'Europe centrale. La Hongrie vient ensuite avec un poids d'environ un tiers de la capitalisation totale de la zone. Le solde est globalement occupé par la République tchèque avec, de façon plus anecdotique les places estonienne, slovaque et slovène. Nous nous concentrons donc sur les places polonaise, hongroise et tchèque.En quoi ces trois pays sont-ils les plus attractifs? Principalement pour deux raisons. D'une part, ils sont les plus profonds. Il est possible d'y faire une véritable diversification sectorielle. Et d'autre part, ce sont les plus liquides. On peut construire sur ces marchés une position en une journée. Ce n'est pas le cas sur toutes les places de la région. La Slovaquie, par exemple, est un marché très peu liquide.Quel bilan tirez-vous des deux dernières années sur ces marchés? En 2002, l'indice d'Europe centrale était resté stable alors que les indices européens avaient perdu 30% en moyenne. En 2003, les places des pays entrants dans l'Union européenne ont suivi les performances des indices d'Europe de l'Ouest. Quel est l'atout principal de cette zone? On soulignera avant tout son différentiel de croissance avec la zone euro. Alors que la croissance a été de +0,4% chez les Douze, les pays d'Europe centrale affichent des taux de croissance autour de 2,5% en 2003. Et ce différentiel de croissance devrait se poursuivre, voire s'amplifier.Pourquoi? D'abord parce qu'il semble que la reprise européenne se fasse par l'Allemagne. Or, les économies de ces pays sont très dépendantes de l'Allemagne. Une hausse du climat des affaires outre-Rhin via l'indice Ifo provoque presque automatiquement une hausse de la production industrielle dans les pays d'Europe centrale. Mais la force de ces économies est de disposer d'une demande intérieure stimulante et capable de prendre le relais en cas de ralentissement de la demande externe. Enfin, on peut citer deux autres soutiens à la croissance de ces pays : le faible coût du travail (3,5 euros de l'heure en moyenne, contre 25 euros dans la zone euro) qui incite bon nombre d'industriels à délocaliser et, enfin, la vague de subventions communautaires qui déferlera sur ces pays à partir du 1er mai et qui devrait permettre de soutenir la croissance. L'impact de ce différentiel sur la valorisation boursière est-il immédiat? Oui, car l'amélioration de la situation macroéconomique permet aux entreprises de revoir à la hausse leurs prévisions de résultats. Ce qui influe évidemment sur les ratios de valorisation qui deviennent plus faibles que dans la zone euro. En bref, en Europe centrale, on peut acheter une croissance plus élevée pour moins cher. L'entrée dans l'Union européenne va-t-elle avoir un impact sur ces places? Elle en a déjà un depuis deux mois et nous l'avions même sous-estimé. Il semble en effet que la gestion européenne classique s'intéresse de plus en plus à cette région, en s'installant dans le paysage boursier d'Europe centrale à côté des gérants de fonds émergents. Et cette arrivée a évidemment un impact sur les opérations. Ainsi, les offres portant sur une partie du capital du raffineur hongrois Mol ou de Cesky Telekom ont été souscrites en quelques heures et majoritairement par la gestion européenne. On assiste donc à un changement de profil de l'investisseur dans ces pays? En effet. La gestion traditionnelle européenne est désormais bien présente, avec une ambition différente des gérants émergents. Ils veulent conserver plus longtemps leurs positions et devenir des "core-shareholders". Le fonctionnement de ces marchés est-il satisfaisant? Il est tout à fait normal, avec des règles généralement inspirées par Euronext. Le seul bémol demeure la difficulté pour un investisseur privé d'ouvrir et de gérer un compte-titres en devises dans ces pays. Ces opérations peuvent en effet coûter cher. Quels sont les secteurs dominants dans cette région? La composition des indices en Europe centrale ressemble à s'y méprendre aux indices ouest-européens. On y trouve les grandes banques de chaque pays, l'opérateur télécoms historique et le raffineur dominant. La spécificité repose dans l'importance de la pharmacie, notamment des producteurs de génériques, comme Gedeon Richter en Hongrie ou Pliva en Croatie. Ces sociétés devraient d'ailleurs dans les trimestres à venir passer au minimum des accords de partenariats avec des majors pharmaceutiques qui recherchent des investissements dans le domaine des génériques. Novartis avait ouvert le bal en 2002 en rachetant le slovène Lek.
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