Il est venu, le temps des OPA

Les banquiers d'affaires nous l'avaient promis. Tout au long de l'année 2003 ils assuraient que les "tuyaux" commençaient à se remplir et que les dirigeants d'entreprises commençaient à écouter d'une oreille moins distraite leurs suggestions de croissance externe. Comme cela est souvent le cas, l'exemple est venu des Etats-Unis avec, successivement, l'acquisition de Fleet Boston par Bank of America et celle, toute récente, de Bank One par JP Morgan Chase. En Europe aussi, les grands patrons semblent maintenant décidés à passer des intentions aux actes. L'annonce, attendue, du raid de Sanofi sur Aventis pourrait marquer le début d'une vague d'OPA comme le Vieux continent n'en a pas connue depuis la fin des années 90. Que l'offre de Sanofi soit considérée comme hostile illustre à quel point les considérations stratégiques priment désormais sur toutes les autres.Le secteur financier échappera-t-il à cette vague de consolidation? On connaît les obstacles qui s'opposent aux méga-fusions bancaires en Europe, notamment la complexité de mise en oeuvre d'un rapprochement transnational. Trop de contraintes réglementaires et de spécificités culturelles font peser sur de telles opérations un "risque d'exécution" trop élevé aux yeux des banquiers. En revanche, rien n'empêche des consolidations nationales, tout particulièrement sur les marchés italien et allemand. Le premier reste très dispersé, et l'affaire Parmalat pourrait donner des idées à certains acteurs. Pourquoi pas étrangers, d'ailleurs? Le second bloque toujours sur une organisation en trois piliers (banques privées, caisses d'épargne et Landesbanken) sclérosante. Sur chacun de ces deux marchés, des rapprochements donneraient nécessairement lieu à des restructurations et à des gains de productivité, ce qui reste la motivation principale de toute opération de fusion-acquisition. Mais la principale incitation à passer à l'action pour les établissements bancaires pourrait provenir des marchés financiers. A l'exception des banques allemandes, la plupart des établissements européens ont traversé la dernière phase de ralentissement économique de façon convenable. La façon dont ils ont digéré l'éclatement de la bulle Internet est même étonnante. Conséquence : les banques sont riches. Elles disposent de bien plus de fonds propres qu'elles n'en ont besoin pour leurs activités traditionnelles. Cet argent, il leur faudra bien en faire quelque chose. Soit elles le dépensent dans des acquisitions, soit elles le rendent à leurs actionnaires. Il est probable qu'elles ne résistent pas à la tentation de la première branche de l'alternative.
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