Les actionnaires désavouent la direction d'Eurotunnel

Nicolas Miguet et ses partisans sont désormais dans la dernière ligne droite. L'éditeur de presse a été acclamé par ses partisans mercredi après-midi lors de l'ouverture de l'assemblée générale d'Eurotunnel. Dans une ambiance tendue, le président démissionnaire du groupe, Charles MacKay a ouvert la séance en se disant conscient qu'il ne disposait pas "de la majorité des suffrages". Il s'est dit cependant fier du plan de redressement de l'entreprise baptisé "Galaxie". Cette première assemblée a été courte, car la cause était entendue. Ce matin sur France Info, Philippe Bourguigon, pressenti pour prendre la tête d'Eurotunnel par la direction actuelle du groupe, avait annoncé qu'il se retirait de la course, la victoire des actionnaires frondeurs d'Eurotunnel étant déjà "quasiment certaine". Sauf énorme surprise, donc, c'est Jacques Maillot, fondateur de Nouvelles Frontières, qui devrait devenir président d'Eurotunnel. Mercredi matin, sur Radio Classique, le futur président du groupe a justifié sa victoire, non sans un certain pathos. "Je connais des actionnaires qui se sont suicidés et je connais des chômeurs qui ont placé leurs indemnités dans Eurotunnel", a ainsi déclaré Jacques Maillot (écouter ci-contre son interview sur Radio Classique). Et de fait, dans l'après-midi, les actionnaires ont rejeté massivement toutes les résolutions proposées par la direction du groupe, y compris celles concernant l'approbation des comptes 2003. Un rejet qui a obtenu une majorité sans appel, de l'ordre de 65%... Restait encore à l'AG extraordinaire à décider du sort de l'actuel conseil d'administration. Un vote à l'issue sans surprise, qui devait déboucher sur l'éviction des dirigeants en place et la nomination de la nouvelle équipe. Si cette rébellion réussie signe une victoire incontestable de la stratégie de Nicolas Miguet et de l'Adacte, le plus difficile restera à faire pour les "petits actionnaires" devenus majoritaires. En dépit de la présence rassurante pour les banques de Jacques Maillot, la gestion opérationnelle du groupe risque de ne pas être une partie de plaisir. Le groupe est en effet très dépendant de ses banques créditrices qui lui ont octroyé 9 milliards d'euros. Et il n'est pas certain qu'Eurotunnel puisse se débarrasser de ce carcan grâce à la garantie des Etats français et britannique, cette dernière étant loin d'être acquise. D'ores et déjà dans la matinée, le secrétaire d'Etat au Budget Dominique Bussereau a prévenu qu'il "n'était pas question de donner de l'argent public" à Eurotunnel. Quant au ministère des Transports britannique, il a utilisé quasiment les mêmes termes dans un communiqué, affirmant qu'il n'est pas question "que de l'argent public aille à Eurotunnel". Les Britanniques ont rappelé également leur fidélité au traité de Canterbury qui interdit toute aide publique à la société exploitante du tunnel.Jacques Maillot a indiqué qu'il allait engager la renégociation de la dette avec les banques. Selon lui, ces dernières doivent "faire un effort". D'autant que le temps pressera: les futurs dirigeants se sont engagés à se retirer si les résultats n'étaient pas au rendez-vous lors de la prochaine assemblée générale.Les marchés ont en tout cas salué cette prise de pouvoir par le petit actionnariat. En fin d'après-midi, le titre progressait de 7,14% à 60 centimes dans des volumes considérables (118 millions de titres échangés).
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