L'euphorie est de retour dans la téléphonie mobile

"Voilà un signe qui ne trompe pas. La crise est bien derrière nous!": à Cannes, tout au long de la semaine, nombreux étaient ceux qui se réjouissaient plutôt d'assister debout aux conférences de presse majeures du congrès 3GSM. Ces deux dernières années, Ericsson, Nokia, Motorola ou Orange étaient bien loin de faire le plein quand il s'agissait d'annoncer des mauvaises nouvelles. L'heure était au nettoyage des bilans financiers, aux réductions d'effectifs, à l'austérité, à l'attentisme... "et aux salles plus grandes", lâchaient les sceptiques.Les vieux briscards du secteur sont pourtant formels. La taille des salles n'explique pas tout. La débauche de moyens en publicité, en démonstrations de nouveaux services et en organisation de soirées privées marque un retour aux années fastes d'avant 2000 et surtout une vraie rupture par rapport aux trois dernières éditions. La téléphonie mobile de troisième génération UMTS a fini de jouer les arlésiennes. Plusieurs réseaux tests ont fonctionné à Cannes et restauré la crédibilité de cette technologie mise à mal à force de promesses non tenues.Autre signe de meilleure santé, les rumeurs ont aussi fait leur retour. "Savez-vous quelque chose sur la fusion France Télécom-KPN?", demandaient ainsi des congressistes à la vue du badge d'un journaliste français et ce malgré les démentis, mercredi, des deux entreprises après l'information parue dans Focus Money. La fusion Cingular-AT&T Wireless aux Etats-Unis, comme les éventuelles OPA hostiles de KPN sur mmO2 et de Vodafone sur SFR ont redonné goût aux grandes manoeuvres stratégiques. A Cannes, pendant les pause-café, on ne s'épanchait plus mais on spéculait sur la prochaine OPA.L'ambiance s'est aussi nourri de chiffres montrant l'avenir inéluctablement rose du secteur. Le président de Nokia a dégainé sa prévision qu'en 2015, un humain sur deux aura un téléphone mobile, soit 4 milliards de personne. Ils ne sont "que" 1,3 milliard actuellement. Tant pis pour ceux qui ont surtout voulu retenir ses mises en garde sur l'UMTS qui n'offre pas encore, selon lui, toutes les garanties de qualité de services. "Il dit cela tout simplement parce que Nokia est en retard", persiflaient ses concurrents.Et pourtant, au 3GSM 2004, il n'y aura finalement pas eu d'annonce tonitruante. Les Asiatiques sont venus une fois encore avec leurs terminaux de troisième génération qui, comparés aux premiers portables UMTS pour l'Europe, montrent le chemin qui reste à parcourir. Et surtout la menace qui pèse sur l'industrie européenne. Les opérateurs, eux, sont restés prudents quant à leurs prévisions de déploiement. Enfin, les éditeurs de contenus ont essentiellement montré des services certes plus évolués, mais presque tous existants.Ce fut tout le paradoxe de cette grande messe. L'euphorie y était perceptible, portée surtout par ceux qui veulent croire. Mais pour les miracles, il faudra encore attendre.
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