Un entretien avec Manuel Bossu, directeur de la franchise McDonald's France

Yves Sassi: Vous relancez une campagne de recrutement de franchisés. Quels sont vos objectifs ?Manuel Bossu : Le franchisé est l'épine dorsale du réseau. D'ici une dizaine d'années, de nombreux franchisés quitteront le réseau pour prendre une retraite bien méritée. Nous devons dès maintenant préparer leur succession et pour cela, nous proposons à la jeune génération d'ouvrir des formats dans des zones de chalandise de 20.000 à 25.000 habitants. Ce sont des restaurants qui réaliseront environ 1.5 million d'euros de chiffre d'affaires. Ce sont ces nouveaux franchisés qui, une fois leurs preuves faites, rachèteront les entreprises de ceux qui vont partir.Pourquoi ne pas proposer directement aux créateurs qui vous rejoignent de reprendre les restaurants à céder ?L'ouverture d'un Mc Donald's est une création d'entreprise très prenante. On crée un établissement ex nihilo et on réussit grâce à son talent. Réussir une ouverture se fait à partir des capacités du créateur à créer son entreprise et à la développer. Mais cela se fait avec le soutien actif du franchiseur. Nous avons évidement une expérience très pointue. Nous avons ouvert et soutenu plus d'un millier de restaurants en France. Il n'y a pas d'échec parce que nous accompagnons nos partenaires, nous les suivons pas à pas.Reprendre un établissement coûte bien évidemment plus cher et même un bon entrepreneur mettra plus de temps à faire sentir les effets de sa propre personnalité pour le développer. C'est une aventure plus difficile que celle de la création pure. Et nous ne pouvons pas nous permettre de confier une entreprise à un débutant, en prenant le risque de le voir échouer. Comme vous le savez, Mc Donald's est un partenaire actif dans chacune des créations. Nous investissons dans le foncier, le financement du local. Ce sont des investissements lourds qui sont à notre charge. Mc Donald's est propriétaire en général du foncier et du fonds de commerce. Le franchisé, lui investit dans le mobilier et l'exploitation. Cet investissement nous oblige à réussir chacune de nos implantations. C'est une garantie pour nos franchisés et l'expérience montre que tous nos restaurants sont des réussites.Dans une franchise classique, le candidat est souvent seul pour constituer les dossiers de financement, de recherche de locaux, terrains... ce sont des activités chronophages. Chez nous, toutes ces opérations sont gérées entièrement par Mc Donald's. Le franchisé peut ainsi se consacrer au démarrage de son point de vente. La part de risque que nous prenons rassure tout le monde. Et le franchisé met son talent, ses connaissances au service de son restaurant.Mc Donald's est une enseigne citée en référence par tous les professionnels de la franchise et de la création d'entreprise. Pourtant votre communication ne met jamais en évidence ces éléments. Pourquoi ?C'est exact, il y a eu pendant longtemps un déficit de communication sur ces sujets. Aujourd'hui, pourtant, nous sommes un exemple d'une entreprise américaine qui a réussi à s'intégrer profondément dans le tissu économique français. Non seulement en implantant ses restaurants avec succès, mais aussi en faisant travailler de très nombreuses entreprises françaises agroalimentaires et de tous les secteurs concernés par notre activité. D'autre part, nous servons un million de clients chaque jour ! Je crois que nous pouvons dire que nous sommes un exemple de réussite dans le domaine de la franchise. Nous avons un savoir-faire qui date de 1955. Nous avons mis en place une relation franchiseur/franchisés très organisée, transparente. On ne pourrait pas avancer dans ce métier sans tenir compte du réseau, simplement en imposant nos propres règles. Ce serait présomptueux. Nous avons des obligations que nous nous devons de respecter. Et en échange, le franchisé à des devoirs bien définis. C'est aussi cela le succès de Mc Donald's. La notion de libre entreprise n'est pas la même quand on rejoint une enseigne. Ce serait mensonger de le dire. Mais c'est un échange de devoirs et d'obligations qui font le succès de chacun des partenaires. Et cette réussite vient aussi du fait que nous ne laissons rien au hasard. Tous nos franchisés suivent une formation de neuf mois, voire un an.Il n'est pas question de forcer le candidat à "mettre les mains dans les frites", mais il faut qu'il maîtrise tous les éléments de son restaurant. Quand il dirigera son établissement, il devra prendre plaisir à ce qu'il fait. S'il n'a pas envie de mettre la main à la pâte, il faut qu'il fasse autre chose. Un point de vente doit être parfaitement géré. C'est lui qui prend les décisions, dirige son personnel, gère son entreprise. Et on ne peut réussir que si l'on connaît parfaitement chacune des opérations. Et vis-à-vis de ses équipes il sera crédible à chaque instant.J'ajouterais qu'un franchisé, quand il est bon, il est bon en tout. En marketing, gestion des ressources humaines, finances, contact avec le client. Il doit avoir ces qualités qui font les bons chefs d'orchestre. Maîtriser tous les instruments. Ils ont la passion de ce qu'ils font. Nous voulons des gens qui ont envie de faire ce métier.La composante financière n'est pas l'essentiel. Même si notre candidat doit pouvoir financer un investissement de l'ordre de 600.000 euros, avec un apport personnel minimum de 150.000 euros.Qui sont les candidats que vous recrutez ?Ce sont des cadres de la distribution, ayant une expérience de direction dans les grands groupes. Souvent, ils quittent leur entreprise, quelquefois vendent leur maison pour apporter le financement nécessaire. Il nous arrive de déceler des qualités exceptionnelles chez certains candidats que nous ne voulons pas perdre. Dans ces cas, nous les aidons à financer en proposant par exemple des leasings pour alléger l'apport personnel. Nous prônons une réussite calquée sur le management humain avant tout.Avec 1010 restaurants ouverts en France, vous proposez toujours des créations. Il y a encore des territoires vierges ?En 1979, on se demandait comment faire pour atteindre les 100 restaurants. Nous y sommes parvenus en 1988. Dans les années 90, on disait que 500 était sans doute une limite. En 2003, nous avons ouvert une quarantaine de restaurants. Et tous sont une réussite.Aujourd'hui, nous savons que le marché est encore ouvert. La restauration hors foyer est sous développée en France par rapport à l'Allemagne, à la Grande-Bretagne, au Portugal... Notre part de marché est encore large. La consommation de sandwiches est 10 fois supérieure à celle du hamburger ! Nous nous situons sur le marché de la restauration informelle, avec des atouts que de nombreux concurrents n'ont pas : le côté fonctionnel grâce à la proximité de nos restaurants, l'aspect familial et la convivialité qui attire les jeunes de 15/25 ans. Cette accessibilité nous caractérise bien. Et puis nos cartes évoluent. Nous proposons un produit 100% français et dans les semaines qui viennent, nous enrichirons nos gammes de salades, pour fidéliser et attirer de nouveaux clients.Tous ces éléments sont des atouts qui nous permettent de nous rapprocher encore de nos clients en ouvrant dans des villes qui n'étaient pas accessibles. Et c'est ainsi que nous formerons nos futurs "barons".
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