L'OPA d'Oracle sur PeopleSoft jugée anti-concurrentielle

C'est - peut-être - la fin d'un interminable feuilleton: les pouvoirs publics américains ont décrété hier que l'OPA à 9,4 milliards de dollars lancée par Oracle sur son concurrent PepleSoft serait "anti-concurrentielle". Une décision qui devrait permettre au concepteur de logiciels professionnels PeopleSoft d'échapper aux griffes de son grand rival, qui le poursuit depuis juin dernier. Mais on n'en est pas encore là: refusant de s'avouer battu, Oracle a annoncé aussitôt son intention de faire appel de la décision du gouvernement...Le verdict du ministère américain de la Justice est pourtant clair et net: une prise de contrôle de PeopleSoft par Oracle serait "purement et simplement anti-concurrentielle", selon les termes de Hewitt Pate, ministre adjoint chargé de la division antitrust. Au terme d'une longue enquête sur les conséquences d'une telle opération, le ministère a donc annoncé hier soir sa décision de déposer une plainte antitrust pour bloquer celle-ci. Et pour faire bonne mesure, les Etats d'Hawaii, du Maryland, du Massachusetts, du Minnesota, de New York, du North Dakota, et du Texas se sont joints à sa décision. Les motivations de celle-ci sont simples, a expliqué l'administration américaine. Une telle fusion des deux plus grands groupes américains de progiciels (logiciels professionnels destinés aux grandes entreprises) "éliminerait la concurrence entre deux des principaux fournisseurs américains de logiciels de gestion financière et de ressources humaines des entreprises, ce qui déboucherait sur des prix plus élevés, moins d'innovation et de choix" pour les clients, affirme le communiqué du ministère de la Justice.C'est en juin dernier que Oracle, le groupe de Larry Ellison, a lancé son offensive, immédiatement après que PeopleSoft ait annoncé le rachat de JD Edwards. Depuis neuf mois, Oracle a dû batailler ferme pour faire prendre son offre au sérieux. En particulier, le groupe a relevé à plusieurs reprises le montant de son offre. Dernière initiative en date: le relèvement début février de 2 milliards de dollars du total offert, pour le porter à 9,4 milliards. Mais le groupe s'est heurté à une résistance farouche de PeopleSoft, qui a tout fait pour dissuader ses actionnaires de se laisser séduire et pour convaincre, avec succès donc, les autorités de la concurrence de s'opposer à une telle opération.De fait, une absorption de PeopleSoft par Oracle aboutirait à ramener le nombre des grands acteurs mondiaux du secteur à deux seulement, avec l'allemand SAP, leader incontesté. Si bien que les autorités antitrust américaines n'ont semble-t-il guère eu de mal à récolter de nombreux témoignages sous serment de clients de PeopleSoft inquiets des conséquences pour eux d'une prise de contrôle par Oracle.PeopleSoft s'est immédiatement félicité, bien entendu, de la décision du ministère de la Justice, et a appelé son adversaire à enfin renoncer. Mais ce dernier ne veut - pour le moment du moins - rien savoir. Ayant réaffirmé hier matin sa détermination à mener l'opération à bien, le groupe de Larry Ellison a fort mal pris l'annonce des autorités. L'imputant à "une campagne de lobbying agressive de la direction de PeopleSoft", Oracle a affirmé que cette décision n'était fondée "ni dans les faits ni en droit" et a annoncé qu'il la combattrait devant les tribunaux. Reste que face au scepticisme des marchés, à l'hostilité des clients de PeopleSoft et maintenant à celle des autorités américaines de la concurrence, les chances de l'OPA d'Oracle semblent désormais quasi-inexistantes.Vendredi en fin de matinée, le titre Oracle cédait 2,18% à 12,99 dollars sur les marchés américains, tandis que PeopleSoft lâchait 2,57%, à 21,22 dollars.
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