Microsoft et le bal des hypocrites

La décision prise par la Commission européenne d'infliger une amende de 497 millions d'euros à Microsoft, à laquelle s'ajoute la préconisation de "remèdes", n'a pas fini de faire couler de l'encre des deux côtés de l'Atlantique. "Victoire" crient les concurrents de Microsoft et les partisans d'une informatique libérée. "C'est regrettable, c'est absurde", clament pour leur part certains parlementaires américains, sidérés que les "Etats-Unis d'Europe" aient eu l'outrecuidance de juger l'un des leurs.On se gardera bien de prendre parti pour l'un de ces deux camps. Néanmoins, ces réactions amènent quelques réflexions. D'abord quand on examine la typologie des "satisfaits". Hormis les juristes européens, que l'on ne peut soupçonner de partialité, et le clan OpenSource (et encore les deux principaux distributeurs de solutions Linux sont américains), il s'agit pour la plupart de sociétés nord-américaines qui ont des visées complètement hégémoniques et, concernant Apple et Sun, plutôt propriétaires (les deux principaux griefs faits à Microsoft). Si Steve Jobs était resté depuis le début à la tête d'Apple, son entreprise serait peut-être aujourd'hui à la place de celle de Bill Gates. Sun qui, rappelons-le, perçoit un pourcentage sur toutes les utilisations commerciales de son système Java (intégré notamment dans les programmes de téléphones portables), a été longtemps partisan d'un monde fermé avec ses propres machines, ses puces (UltraSparc) et son système d'exploitation (Solaris). Quant aux membres de la CCIA (une association de fournisseurs qui a porté plainte contre Microsoft) ils ont pour nom Oracle, Nokia, Time Warner ou Yahoo!, des entreprises que l'on ne peut pas vraiment considérer comme des PME dans le besoin. Certes, ce n'est pas une raison pas ne pas freiner les appétits de Microsoft mais les véritables motivations des plaignants ressemblent plus à une défense d'intérêts personnels qu'à la recherche du bien être collectif. Quant au clan des "mécontents", ils ont la mémoire courte - à moins que ce ne soit du patriotisme exacerbé. Il y a peu en effet, la moitié des Etats-Unis était, par Etat interposé, en procès contre Microsoft. Et les mêmes qui aujourd'hui s'élèvent contre la sanction bruxelloise furent les premiers à regretter que le géant de Redmond bénéficie d'une amnistie. Bref, dans un cas comme dans l'autre, le débat tourne plus à un règlement de compte qu'à une véritable discussion de fond sur l'avenir de l'industrie informatique comme on aurait pu l'espérer.
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