Fin de bulle

Rarement les taux d'intérêt ont été aussi bas aux Etats-Unis, et rarement les banques y ont gagné autant d'argent. Après un exercice 2003 record, les premiers mois de 2004 se présentent sous les meilleurs auspices. La semaine dernière, en rafale et comme à la parade, les principales banques américaines ont publié des résultats trimestriels en forte hausse, que ce soit les banques généralistes (Citigroup, Bank of America...) ou les "brokers" (Lehman Brothers, Merrill Lynch), plus sensibles à l'évolution des marchés financiers et à celle des entreprises. Signe que tous les indicateurs sont au vert : les ménages consomment et s'endettent, les entreprises investissent et les actions se portent bien. Pour les banques, la baisse des taux d'intérêt s'était surtout accompagnée ces dernières années par un vaste mouvement des Américains vers l'immobilier. Le marché des prêts hypothécaires s'est rarement aussi bien porté, à la fois dopé par les investissements initiaux et les renégociations des financements en cours. L'endettement des foyers américains a ainsi crû régulièrement depuis le milieu des années 90 pour frôler aujourd'hui les 110% du revenu disponible. Au bénéfice des banques américaines qui profitent de la profondeur du marché pour réaliser de substantielles économies d'échelle.Mais des premiers signes d'essoufflement commencent à apparaître. Wells Fargo, une banque moyenne de l'Ouest des Etats-Unis, a ainsi signalé que les revenus des activités dites de "mortgage" avaient commencé à décliner au premier semestre. Une hausse des taux d'intérêt aura mécaniquement et inévitablement un impact sur le marché immobilier où s'était formé une véritable bulle ces dernières années. Ce resserrement du crédit risque de coûter cher aux banques qui ont bien sûr a priori les reins suffisamment solides pour supporter ce choc. A moins qu'il ne soit franchement brutal. Le dégonflement de la bulle immobilière risque de gommer l'effet richesse dont profitent à plein les consommateurs américains, aussi endettés soient-ils. Mais faisons confiance à Alan Greenspan pour gérer avec doigté la phase délicate qui s'annonce.
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