Aventis appelle Novartis à l'aide

Comme on s'y attendait, le conseil se surveillance du groupe pharmaceutique Aventis a décidé lors de sa réunion de vendredi après-midi de demander de l'aide au groupe suisse Novartis. Les membres du conseil ont en effet demandé à Novartis d'engager des discussions sur une éventuelle fusion. Une initiative destinée, bien entendu, à contrecarrer l'OPA hostile lancée sur Aventis par Sanofi-Synthélabo.Ce faisant, le conseil de surveillance répond à l'une des exigences de Novartis. Le groupe suisse, qui étudie de près le dossier depuis le lancement de l'offensive de Sanofi, a en effet publiquement affirmé qu'il ne serait prêt à envisager une offre concrète sur Aventis qu'à deux conditions: qu'il en soit officiellement prié par ce dernier et que le gouvernement français affiche sa neutralité dans l'affaire.Si la première condition est ainsi remplie, c'est loin d'être le cas avec la deuxième. On se souvient que Jean-Pierre Raffarin s'est publiquement exprimé contre l'hypothèse de voir un groupe pharmaceutique de l'importance d'Aventis passer sous contrôle non-communautaire. Le Premier ministre a cité à l'appui de cette préoccupation des considérations de santé publique et même de lutte contre le bio-terrorisme. Dans la pratique, il est ainsi apparu que les pouvoirs publics soutenaient ouvertement le rapprochement franco-français que constituerait la mainmise de Sanofi sur Aventis. Peu désireux de se trouver pris dans un imbroglio politique, le groupe suisse veut donc obtenir du gouvernement un engagement de neutralité. Mais Jean-Pierre Raffarin ayant été reconduit à Matignon, rien ne dit qu'il sera prêt à changer d'attitude.En demandant publiquement à Novartis de venir jouer les chevaliers blancs, Aventis confirme en tout cas qu'il a clairement fait son choix: le groupe de Strasbourg estime que les complémentarités avec Novartis seront nettement meilleures qu'avec Sanofi, et que la firme suisse dispose d'une surface financière sans commune mesure avec celle de son concurrent français. L'antibiotique Ketek validé aux Etats-UnisAvant l'annonce de la décision de son conseil, le groupe de Strasbourg avait par ailleurs marqué un point important vendredi. L'administration américaine de validation des produits pharmaceutiques, la FDA, a en effet approuvé la mise sur le marché de l'antibiotique vedette d'Aventis, le Ketek. Cette autorisation concerne l'emploi du Ketek pour certains cas de pneumonie, de sinusites et de bronchites. Cette décision de la FDA est très importante pour Aventis qui espère que les ventes de ce produit vedette atteindront à terme 1,85 milliard de dollars. Le Ketek est déjà en vente dans 40 pays, mais évidemment la présence de ce produit aux Etats-Unis, le premier marché du monde, est essentielle. Mais la décision de la FDA est également importante parce que les effets secondaires du Ketek sont controversés. Cet antibiotique révolutionnaire peut en effet causer des problèmes au niveau du foie et du coeur. Au point qu'en 2001, la FDA avait demandé des informations complémentaires à Aventis et que, l'an dernier, le laboratoire avait mis en garde les professionnels sur les effets secondaires du Ketek. Aventis n'a donc pas caché son plaisir. Le président des activités nord-américaines du groupe, Gérard Belle, a ainsi proclamé que "la meilleure défense étant l'attaque, c'est clairement une partie importante de notre attaque à ce stade". Sous-entendu évident: cette nouvelle est un élément déterminant à l'heure où Novartis devra choisir s'il se lance ou non au secours d'Aventis.
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