Les actions Aventis et Sanofi en forte baisse

Par latribune.fr  |   |  923  mots
C'est désormais officiel: le nouveau leader européen de la pharmacie est né. Un communiqué de Sanofi-Synthélabo a en effet confirmé lundi matin que le conseil de surveillance d'Aventis avait accepté l'offre relevée de son concurrent. Le nouveau groupe prendra le nom de Sanofi-Aventis. Le communiqué a également donné le détail de cette nouvelle offre qui valorise globalement chaque action Aventis à 68,93 euros, soit 4,04% de plus que le cours de clôture de vendredi. En fait, Sanofi est venu se caler sur le marché. Et la prime atteint 31,4% si on la calcule par rapport à la moyenne pondérée du cours d'Aventis durant le mois précédant le dépôt de l'offre. Les actionnaires d'Aventis auront le choix entre une option principale et deux options subordonnées. L'option principale prévoit l'échange de 6 actions Aventis contre 5 actions Sanofi et 120 euros en numéraire. Mais deux options subordonnées sont possibles: soit une offre en cash valorisant chaque titre Aventis à 68,93 euros, soit une offre en actions Sanofi où chaque action Aventis donnera droit à 1,1739 action Sanofi. Les porteurs de titres Aventis pourront mêler ces options comme ils l'entendent, pourvu qu'au final la proportion de l'offre soit de 71% de titres et 29% de cash.Opération "très coûteuse"Pour financer cette offre, notamment sa partie en cash, Sanofi devrait lancer un emprunt syndiqué de 16 milliards d'euros. Et déjà certains doutent de la capacité du groupe français à "digérer" une telle proie. Le président de Novartis, Daniel Vasella, a ainsi estimé que ce relèvement pourrait "à terme se révéler très coûteux pour Sanofi". L'assemblée générale des actionnaires de Sanofi sera convoquée le 24 mai pour approuver les nouvelles émissions de titres. L'OPA sera considérée comme réussie si Sanofi prend 50% du capital sur une base diluée. Le groupe français a par ailleurs précisé à l'attention de ses actionnaires que l'opération devrait être relutive dès cette année. Evidemment, Aventis s'engage à retirer son projet de bons de souscriptions qui visaient à répondre à l'offre de Sanofi, ainsi que toutes ses actions en justice. On en sait par ailleurs un peu plus sur la nouvelle société qui naîtra de cette fusion. Le conseil d'administration sera composé de 17 membres. Outre Jean-François Dehecq, l'actuel président de Sanofi qui conserve sa place de PDG, 8 membres seront nommés par Aventis et 8 par Sanofi. Cette parité devrait être respectée au sein du conseil de direction. Le président du groupe franco-allemand Igor Landau s'est dit "heureux" de ce dénouement. Selon lui, la nouvelle offre de Sanofi "reconnaît la valeur d'Aventis". Elle garantirait également les actionnaires d'Aventis contre "tous les risques", sous-entendu, donc contre les risques liés au Plavix, ce médicament de Sanofi dont la licence fait l'objet d'un procès aux Etats-Unis et qui était au centre de la défense d'Aventis contre son attaquant.Pas de licenciementL'opération ne semble cependant pas satisfaire tout le monde. Ainsi, le fonds allemand Union Investment, qui détient 1,4% du capital d'Aventis, a demandé une "offre plus élevée", valorisant l'action Aventis à 70 euros au moins. Signe que, malgré tout, le succès de l'OPA n'est pas encore définitivement acquis. De même, les syndicats restent inquiets. Si la fédération CFDT de la Chimie s'est félicité qu'un accord amiable ait pu être trouvé, elle indique que "les questions sociales et industrielles restent entières". Jean-François Dehecq a estimé à 1,6 milliard d'euros les synergies que le groupe espère tirer de la fusion d'ici à 2006. Aucun licenciement n'est prévu par ailleurs. Il a ajouté que les "problèmes de restructuration seront limités". A noter enfin que le gouvernement allemand est sorti de sa réserve. Jusqu'ici, c'est surtout Paris qui avait insisté pour que le groupe franco-allemand se marie avec Sanofi. Berlin a à nouveau insisté sur sa neutralité. Il entend toutefois suivre "de très près" l'évolution de la procédure, notamment en termes d'emplois outre-Rhin. "Le gouvernement part naturellement du principe que le site de Francfort va être renforcé, en particulier les activités de recherche", a déclaré Bela Anda, porte-parole du gouvernement fédéral. A Paris, on refuse de se laisser taxer d'interventionnisme. "La France n'est pas interventionniste pour elle-même, mais elle souhaite participer à une dynamique européenne", a déclaré le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Il a ainsi justifié l'attitude de Paris par l'accent mis sur le partenariat franco-allemand. "Il faut de vraies stratégies partenariales, notamment en l'occurrence de partenariats franco-allemands", a ajouté Matignon. De son côté, Bruxelles a prévenu: la Commission ne pourra pas contester l'action de Paris. "On ne peut pas agir contre une déclaration", a-t-elle affirmé. Après une demi-séance de suspension, les deux titres ont repris leur cotation en début d'après-midi. Logiquement, compte-tenu du coût de l'opération, l'action Sanofi-Synthélabo glissait, en clôture de 6,97% à 52,05 euros. Plus surprenant, l'action Aventis reculait aussi notablement: -5,51% à 62,60 euros. Comment expliquer ce phénomène? Sans doute plusieurs arbitragistes, qui s'étaient positionnés en vue d'une surenchère de Novartis, se sont-ils retirés. On peut également avancer le fait que les investisseurs aient déjà valorisé Aventis comme Sanofi, ce qui est logique compte tenu de la composante en titres importante de l'opération. Plus logiquement, l'action Novartis réagit favorablement au retrait du groupe de la course: elle gagne 3,48% à 58,05 francs suisses.