Alstom précise ses projets de restructuration

Le sauvetage d'Alstom doit être officiellement scellé aujourd'hui, après le oui de Bruxelles au plan présenté par l'Etat français. En attendant, le groupe industriel vient de publier des résultats bien plus mauvais que prévus pour l'exercice clos le 31 mars dernier. La perte nette s'élève à 1,836 milliard d'euros, et le chiffre d'affaires chute de 22%, à 16,69 milliards d'euros. Les prévisions des analystes allaient d'une perte nette de 1,29 milliard d'euros à un bénéfice net de 94 millions d'euros. Les commandes ont chuté de 14% mais, sur une base comparable, le carnet de commandes affiche une hausse de 1%. On note en revanche un chiffre encourageant pour l'avenir : le bénéfice opérationnel est repassé dans le vert, à 300 millions d'euros, contre une perte de 507 millions d'euros sur la période précédente. Autre bonne nouvelle : la dette économique du groupe est passée de 4,92 milliards d'euros fin mars 2003 à 3 milliards d'euros cette année. Ce désendettement "reflète en premier lieu l'impact de l'augmentation de capital et les produits des cessions", notamment celles des activités transmission et distribution et turbines industrielles, précise Alstom, qui prévoit une marge opérationnelle de 3,5% à 4% pour son exercice 2004/05 et de 6% en 2005/2006 (contre 1,8% en 2003/2004).Après le feu vert de Bruxelles au sauvetage d'Alstom (lire ci-contre), le groupe a par ailleurs détaillé son plan de refinancement. L'objectif est un renforcement des fonds propres pour un montant compris entre 1,8 et 2,5 milliards d'euros, via une augmentation de capital allant de 1,5 à 2,2 milliards d'euros. En outre, 300 millions d'euros de titres subordonnés souscrits par l'Etat français seront convertis en capital, un montant qui pourra éventuellement être porté jusqu'à 500 millions. L'Etat deviendra ainsi un actionnaire du groupe, avec 18,5 à 31,5% des actions, selon Patrick Kron, PDG d'Alstom.Le groupe s'engage enfin à céder des actifs supplémentaires représentant environ 1,5 milliard d'euros de chiffres d'affaires. La moitié des cessions concernera l'activité de locomotives fret à Valence (Espagne), l'activité transport en Océanie et l'activité chaudières industrielles. Les 50% restants n'ont pas encore été identifiés, mais devront être cédés sous deux ans. Mercredi matin, le PDG d'Alstom s'est voulu rassurant sur la question des partenariats imposés par Bruxelles d'ici à 2008: ces derniers "ne constituent ni une perspective de démantèlement ni un mariage forcé", a expliqué Patrick Kron, qui a aussi rejeté toute idée de rapprochement avec Siemens. Ces partenariats "n'ont pas vocation à être minoritaires", a-t-il précisé, car "Alstom n'est pas une holding financière", c'est "un groupe industriel cohérent qui se redressera et se développera". En revanche, Patrick Kron n'a pas exclu l'idée qu'un partenaire puisse prendre part au capital d'Alstom, si une telle option "permet au groupe d'accélérer son développement". Quant au plan social lié à la restructuration, il concerne 8.500 personnes dans le monde (7.000 prévues auparavant) dont la moitié avaient déjà quitté le groupe le 31 mars 2004.La signature définitive de l'accord entre la France et la Commission européenne devait avoir lieu ce soir. Le titre Alstom a connu une volatilité impressionnante au cours de la journée de mercredi. A l'ouverture de la Bourse de Paris, le marché a mal accueilli la publication des résultats: le titre Alstom a perdu jusqu'à 10,17%, à 1,06 euro. Une heure après, Alstom avait retrouvé son cours de la veille. Mais l'action a finalement replongé à la clôture, s'établissant à 1,08 euro, en baisse de 8,47%.Mario Monti s'explique sur l'accord entre Bruxelles et ParisLe commissaire européen à la Concurrence, Mario Monti, a confirmé mercredi son approbation au plan de restructuration d'Alstom. Il a notamment indiqué que l'Etat français devra être sorti du capital d'Alstom dans quatre ans au plus tard. De plus, il a quasiment exclu toute acquisition par Alstom dans le secteur des transports, estimant que l'aide apportée par l'Etat français ne doit pas être "utilisée pour mener une politique d'expansion". Enfin, il a précisé que l'accord entre Paris et la Commission européenne ne se traduira pas par un "démantèlement" du groupe industriel, mais bien par la mise en place de "partenariats", dont il n' a cependant pas donné la signification exacte.
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