Pertes et endettement en augmentation pour Rhodia

Les temps sont toujours bien durs pour Rhodia, le groupe de chimie de spécialité en grandes difficultés. Les résultats publiés ce matin pour le premier trimestre, s'ils confirment l'amélioration de l'excédent brut d'exploitation annoncée le 20 avril dernier, montrent également une forte dégradation du résultat net du groupe, liée aux frais financiers que supporte Rhodia, et une nouvelle dégradation de son endettement. Le groupe chimique, qui vient de procéder à une augmentation de capital massive, reste par ailleurs des plus prudents quant à ses perspectives. Du coup, l'action plonge: après être tombée jusqu'à 0,98 euro dans la matinée, elle se traite à 1,07 euro à la clôture, en recul de 10,83%.Rhodia avait heureusement surpris, le 20 avril, en faisant état d'une amélioration de son activité au premier trimestre, et d'un redressement de son excédent brut d'exploitation avant coûts de restructuration (lire ci-contre). Le détail des chiffres trimestriels publiés ce matin montre cependant que la situation du groupe chimique demeure bien difficile.Sur les trois premiers mois de l'année, Rhodia a ainsi engrangé un chiffre d'affaires en recul de 5,7%, à 1,348 milliard d'euros. Une chute que le groupe attribue "principalement" aux effets de change. A périmètre et changes comparables, précise-t-il, le chiffre d'affaires est stable. Même si "la majorité des activités du groupe enregistre une progression des volumes, liée à l'augmentation de la demande, notamment aux Etats-Unis et en Asie", Rhodia est toujours affecté par une situation difficile en ce qui concerne les prix. Le groupe souligne malgré tout qu'il constate "une dynamique de prix plus favorable que celle rencontrée dans la deuxième partie de l'année 2003".La diminution des frais fixes qui résulte des efforts de restructuration menés par le groupe lui permet d'afficher, comme annoncé, une amélioration de son excédent brut d'exploitation avant restructuration. Sur ce plan, Rhodia fait même finalement un peu mieux qu'annoncé en avril, avec 124 millions d'euros contre 120 millions prévus. Soit une progression de 3,3% sur un an. Après restructuration, l'EBE chute de 9,8%, à 101 millions d'euros.Sur les trois premiers mois de l'année, le groupe affiche un résultat opérationnel de 4 millions d'euros, en recul de 55,5%. Quant au résultat net, il se traduit par une perte de 108 millions d'euros, contre une perte de 63 millions d'euros un an plus tôt. Un chiffre beaucoup plus mauvais qu'attendu: la Deutsche Bank, par exemple, tablait sur 78 millions d'euros. Cette dégradation, explique Rhodia, "s'explique principalement par la hausse très significative des frais financiers (40 millions d'euros) liés à la restructuration financière du groupe".Rhodia est en effet plus que jamais confronté à un difficile problème d'endettement. Durant les trois premiers mois de l'année, sa dette nette s'est de nouveau alourdie, s'établissant à 3,536 milliards d'euros, contre 3,3 milliards fin 2003. Le groupe a procédé le mois dernier a un renforcement important de sa structure financière, en réalisant une augmentation de capital de 471 millions d'euros, et un emprunt obligataire de 700 millions d'euros. Mais les efforts de restructuration du groupe ne sont pas achevés. Sur un programme de 700 millions d'euros de cessions prévu pour 2004, il en reste encore quelque 300 millions à réaliser d'ici la fin de l'année.Pour l'ensemble de l'exercice, enfin, le groupe se veut d'une extrême prudence. S'abstenant de toute prévision chiffrée, il se contente de rappeler que "2004 est une année consacrée à la transformation du groupe". Rhodia espère bénéficier cette année sur le plan opérationnel "d'une légère amélioration des marchés sur lesquels il opère". Mais ajoute-t-il aussitôt, "le niveau de prix des matières premières reste toutefois élevé et la situation des devises incertaine".C'est peu dire que ces annonces ont été mal accueillies par les marchés, comme en témoigne la chute de l'action. Les analystes y ont trouvé nombre de sujets d'inquiétude: l'activité est décevante alors même que l'activité industrielle est très soutenue aux Etats-Unis et en Asie; le groupe a du mal à relever ses prix, alors qu'il est handicapé par la flambée du pétrole; le coût des restructurations se révèle plus élevé que prévu... En dépit de ses recours massifs aux marchés, Rhodia semble donc loin d'être sorti du tunnel.
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