Les banques et le tunnel

La nouvelle équipe de direction d'Eurotunnel, lorsqu'elle aura achevé son diagnostic, risque d'être confrontée à une multitude de difficultés. L'une d'elle, et pas des moindres, sera de réunir autour de la table les principaux créanciers de la société qui exploite le tunnel sous la Manche. Seul problème, à quelle porte faut-il frapper ?"La plupart des banques ont cédé leurs créances, notamment à des hedge funds qui n'interviennent sur ce marché qu'à titre spéculatif", explique en petit comité le président d'une grande banque française. Conséquence, il est illusoire d'imaginer que les grands établissements de la place acceptent de participer à une sorte de Yalta de la dette d'Eurotunnel. Jacques Maillot devra chercher la solution ailleurs pour rembourser, d'une façon ou d'une autre, les 9 milliards d'euros de dette que doit encore la société.Quant à l'arme du dépôt de bilan, personne n'ignore qu'elle risque de se retourner contre ceux qui la brandissent. Non seulement cela permettrait aux créanciers de mettre la main sur l'ouvrage. Mais, par ailleurs, nulle doute qu'une fois devant le tribunal de commerce, le choix d'un plan de continuation s'impose. On imagine mal fermer le tunnel. La chasse au repreneur sera alors lancée, et ce dernier ne pourra l'emporter que s'il a le soutien des banques qui donneront du crédit à son plan. A ce moment là, on imagine mal l'actuelle direction, toute auréolée de son putsh, inspirer confiance aux banques. Le même banquier parisien peut ainsi l'affirmer sans sourciller : "il n'y a pas d'autre solution que le dépôt de bilan". Pas tant pour assainir la situation d'Eurotunnel que pour débarquer une direction qui n'a pas l'heur de plaire. C'est le putsh à l'envers.
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