Hugo, Igor, les égaux et les egos

"Notre défi, c'est la vie" (Our challenge is life) proclame pompeusement le slogan d'Aventis. Mais cette semaine, le défi du PDG Igor Landau serait plutôt la survie, la sienne, à la tête d'Aventis. Dopé à l'indignation et à l'instinct de conservation, le patron du labo franco-allemand a relevé le gant jeté par l'impressionnant Jean-François Dehecq, PDG de Sanofi-Synthélabo, monté le premier sur le ring lundi dernier en lançant une offre "non sollicitée", joli euphémisme de l'attaquant. "Victor" à l'assaut de "Hugo" selon le nom de code de l'opération. Foin de littérature, ici, pourtant ! Il va plutôt y avoir du sport, au regard du gabarit des deux hommes, deux poids lourds avec un léger avantage à Dehecq - 1,97 mètre et 100 kilos - contre 1,86 mètre et 96 kilos pour Landau. Deuxième round cette semaine d'un combat à l'issue encore incertaine, knock-out de l'un ou de l'autre, victoire aux points ou par arrêt de l'arbitre - le marché ? Pour l'instant, le pronostic de la Bourse est clair : le cours d'Aventis étant supérieur vendredi au prix proposé par Sanofi, le marché ne croit pas au succès de l'OPA et table sur un relèvement de prix. Sur la base des cours de vendredi soir, l'offre, essentiellement par échange d'actions, ne propose même plus de prime aux actionnaires d'Aventis... mais bien une décote de 6%, en raison de la petite baisse du cours de Sanofi! Mais lorsque Igor Landau réclame une augmentation de 40% à 50%, le coup ne porte pas, le public ne suit plus : point d'envolée du cours de Bourse, lequel n'intègre qu'une hausse de 5% environ. Le pari des experts est à peine plus optimiste : ils anticipent au mieux une amélioration de 15%. Soit tout de même le double de la prime initiale. Et tous s'accordent sur le sens stratégique que ferait un tel mariage. Hugo veut la jouer solo. Impossible d'admettre qu'un petit comme Sanofi-Synthélabo, la moitié de son chiffre d'affaires, puisse prétendre à une fusion d'égaux. Impossible de se faire sortir sans combattre, de jeter l'éponge sans au moins obtenir une prime moins "ridicule". Mais comme l'écrivait l'exilé de Guernesey, "rien n'est plus imminent que l'impossible."
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