Aventis ne désarme pas

Aventis n'en démord pas. S'exprimant devant des investisseurs lundi, le PDG du groupe franco-allemand a réaffirmé qu'il ne voulait pas de l'offre hostile de Sanofi-Synthélabo et a surtout voulu expliquer sa stratégie pour contrer son assaillant.Il est ainsi revenu sur l'appel du pied lancé officiellement vendredi à Novartis. D'après Aventis, un accord avec le Suisse serait une alternative intéressante à l'offre de Sanofi et à la solution consistant à poursuivre seul son chemin.Mais ce n'est pas là la seule arme de défense déployée par le Franco-Allemand. Aventis a innové vendredi en annonçant qu'il voulait proposer à ses actionnaires l'émission de bons de souscription d'actions (BSA) visant à les protéger contre l'arrivée d'une version générique du Plavix, l'anti-thrombotique de Sanofi dont Aventis avait déjà fait un argument pour refuser les avances de son prétendant.Concrètement, si Sanofi ne relevait pas son offre et qu'une version générique du Plavix était commercialisée avant fin 2007, Aventis pourrait émettre de nouvelles actions correspondant à une augmentation de 22% de son capital. Une véritable pilule empoisonnée pour Sanofi car ses propres actionnaires ne bénéficieraient pas de la même mesure. Conséquence: alors que les actionnaires actuels de Sanofi devraient peser un peu plus de 50% du nouvel ensemble, ils se trouveraient fortement dilués (environ 15%).Ils seraient même doublement perdants, puisque la dilution s'ajouterait au manque à gagner découlant de la perte du Plavix. En revanche, les actionnaires d'Aventis compenseraient ce manque à gagner par un poids plus important dans le nouveau groupe.Reste que le but n'est pas d'en arriver là. "L'idée des bons est d'autant plus futée que ces derniers sont destinés à ne jamais être exercés", a expliqué à La Tribune un financier londonien. En fait, Aventis a avant tout voulu mettre la pression sur Sanofi afin qu'il revoie à la hausse le prix proposé ou qu'il renonce tout simplement à son offre.Manifestement, Aventis s'est désormais placé en position de force. Mais il n'a pas pour autant partie gagnée. D'abord, il lui faudra attendre l'avis de l'Autorité des marchés financiers (AMF) sur ce montage inédit. Un sujet sur lequel les opinions sont partagées. Si d'un côté on fait remarquer que ce schéma favorise une partie des actionnaires ou encore que toute dilution est interdite pendant qu'une offre est en cours, de l'autre on explique que dans ce cas de figure la dilution n'est hypothétique et de toute façon n'interviendra pas dans l'immédiat.Enfin, si Aventis parvenait à repousser Sanofi, il lui faudrait encore parvenir à réussir son rapprochement avec Novartis. Un défi qui est loin d'être une simple formalité. Car Novartis n'a eu de cesse de répéter qu'il souhaitait l'aval du gouvernement français, lequel continue de manifester sa préférence pour une union avec Sanofi. Dans son discours de politique générale, lundi après-midi, Jean-Pierre Raffarin a réaffirmé sa détermination à "protéger les centres de décision" des grands groupes industriels français dans différentes secteurs clés, dont la pharmacie...Bien entendu, Aventis pourrait aussi choisir de rester seul. Mais visiblement, cette option décevrait le marché. "Si Aventis reste seul, il devrait forcément subir des prises de bénéfices. Tout compte fait, l'actionnaire d'Aventis a plus à perdre en restant seul que de voir son groupe se marier avec Sanofi, même si le risque Plavix se concrétise", estime un expert interrogé par Reuters.En tout cas, les investisseurs veulent croire que l'on aura bientôt du nouveau. En fin d'après-midi, l'action cote 63,50 euros, alors que le cours implicite de l'offre d'échange de Sanofi est de 57,12 euros.
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