Pour l'exemple

La France a eu son procès du Crédit Lyonnais, au demeurant bien décevant. L'Allemagne, depuis aujourd'hui, a celui de la Deutsche Bank. L'appellation est d'ailleurs impropre puisque Josef Ackermann, le patron du plus puissant établissement bancaire outre-Rhin, n'est pas le seul à comparaître pour abus de confiance ou complicité. Des industriels et des syndicalistes partagent ce triste sort. Que leur reproche-t-on au juste? Tout simplement d'avoir décidé d'accorder, en 2000, une prime aux dirigeants du groupe Mannesmann au lendemain de leur acceptation de l'OPA du britannique Vodafone. 57 millions d'euros précisément, ce qui fait cher la reddition... L'affaire a suffisamment choqué en Allemagne pour que le parquet fédéral engage des poursuites et aille au bout de sa démarche. Quelle que soit l'issue du procès, le simple fait qu'il ait lieu constitue déjà un séisme. Dans un pays où le sort des entreprises est aussi intimement lié à celui des banques, et inversement, cette affaire prend un relief tout particulier. Si à l'avenir chaque dirigeant de banque présent au conseil d'administration d'une entreprise décide de s'abstenir pour éviter un éventuel procès, le capitalisme allemand a du souci à se faire...Idem pour les syndicats qui jouent eux aussi un rôle important dans la "gouvernance" à l'allemande. Cela dit, les adhérents d'IG Metal n'ont pas été peu étonnés d'apprendre qu'un de leurs dirigeants avait lui aussi donné son aval à la prime astronomique accordée aux dirigeants de Mannesmann. Banquiers et syndicalistes unis pour accorder une prime aux premiers, il n'est pas sûr qu'ils apprécient cette image de la cogestion à l'allemande. D'autant que ce bonus venait saluer l'échec de la résistance à Vodafone. Pour le patron de la Deutsche Bank, cette affaire arrive enfin au plus mauvais moment. Deux jours par semaine, il lui faudra assister aux audiences. Les autres jours de la semaine ne lui seront pas de trop pour gérer un établissement tentaculaire avec près de 70.000 employés dans le monde. Il ne lui restera alors plus que les week-ends pour s'attaquer au délicat dossier de la restructuration de secteur bancaire allemand.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.