Un intéressement exceptionnel au centre du plan de Thierry Breton pour 2005

Pragmatisme, réalisme et réactivité: tels sont les trois mots clés martelés ce matin par le tout nouveau maître de Bercy au cours de sa première conférence de presse. Première annonce, le gouvernement ne table plus sur une croissance de 2,5%, nette et précise, pour 2005 mais mise plutôt sur une croissance comprise entre 2 et 2,5%. "C'est une question de méthode. Dans le domaine des prévisions - où par essence l'incertitude est forte - je n'ai jamais été partisan du chiffrage à la virgule près. J'ai toujours préféré des ordres de grandeurs", a-t-il indiqué, précisant par ailleurs qu'il restait confiant dans la capacité de l'économie française à atteindre les 2,5% de croissance. "Et même à les dépasser". Pour mémoire, le consensus des économistes oscille entre 1,6 et 2,1% de croissance. Sur le plan de la maîtrise des dépenses publiques, indispensable au respect par la France de ses engagements communautaires, Thierry Breton, qui a également annoncé la mise en place d'une nouvelle batterie d'indicateurs (voir ci-contre), a fait preuve d'une confiance désarmante. Le déficit budgétaire s'élèvera à 2,9% en 2005. "C'est mon engagement, ma feuille de route", a précisé l'ancien PDG de France Télécom. Point à la ligne.Pour permettre à la France de consolider sa croissance et de réduire le chômage qui, touchant 10% de la population active, se situe à un niveau "inacceptable", le ministre fixe deux priorités: renforcer le pouvoir d'achat et préparer l'avenir en favorisant les investissements de Recherche et Développement (R&D)"Redonner au plus vite du pouvoir d'achat aux Français", ce qui constitue "un moteur de confiance et un moteur de croissance": sur ce sujet, il est revenu sur le thème des 35 heures, indiquant que cette mesure, qui devait au départ partager le travail, avait finalement abouti "au partage des salaires". En réponse aux revendications des salariés des secteurs public et privé, le ministre a proposé plusieurs solutions.En ce qui concerne le pouvoir d'achat des fonctionnaires, le ministre a ainsi estimé que "partager les fruits" de la croissance n'était "pas quelque chose de choquant, au contraire. Lors des prochaines négociations, qui se tiendront la semaine prochaine, toutes les questions seront évoquées sans tabou. Le gouvernement essaiera de trouver des solutions satisfaisantes, dans le nécessaire respect des équilibres budgétaires", a-t-il précisé. Pour les salariés du privé, le ministre a annoncé une série de mesures, notamment une "prime exceptionnelle d'intéressement" permettant dès cette année de majorer le montant de l'intéressement sur les résultats 2004, pour les entreprises ayant déjà mis en place ce type de système. Cette prime pourra représenter jusqu'à 200 euros ou 15% du montant de l'intéressement normalement prévu. Elle sera versée en numéraire au cours de l'année 2005. L'Etat "contribuera à rendre ce dispositif attractif en traitant ces versements exceptionnels selon les règles fiscales et sociales de l'intéressement et en autorisant l'assimilation fiscale de ce versement de 2005 à une charge 2004", a-t-il ajouté. Ce qui permettra aux entreprises de réduire le montant de l'impôt sur les sociétés (IS) qui sera versé cette année. Deuxième priorité de Thierry Breton: préparer l'avenir en saisissant chaque opportunité. Dans la limite d'un plafond global de 2,5% de l'impôt sur les sociétés (IS) payé sur les résultats 2004, les entreprises pourront cumuler deux mesures nouvelles. La première consiste à donner une incitation aux grands groupes, "les locomotives traditionnelles de la Recherche et Développement en France", pour qu'ils apportent des financements stables, en fonds propres, à des PME innovantes. "Objectif, créer un réseau de PME dynamiques, innovantes et fortement créatrices d'emplois comme en Allemagne, en Italie ou aux Etats-Unis", a expliqué le ministre. L'incitation se monte à une réduction d'IS pour 25% de l'investissement initial. Les entreprises éligibles seront les PME de moins de 500 personnes, indépendantes, "donc les vraies PME innovantes et non les filiales de grands groupes", a insisté le ministre. La deuxième mesure est une incitation à développer les partenariats entre les grands groupes et les laboratoires de recherche, en donnant un crédit d'IS de 65% des versements effectués pour financer les projets de recherches des PME innovantes, des laboratoires publics et des organismes de recherche. Areva privatisé en 2006, doublement nécessaire des fonds propres d'EDFSurprenant son auditoire, le ministre de l'Economie a affirmé ce matin que la privatisation du groupe nucléaire français Areva n'interviendrait pas avant 2006. "J'ai indiqué quelles étaient mes priorités pour 2005 (EDF, GDF)". Si l'ouverture du capital de GDF devrait intervenir "avant les vacances", celle d'EDF devrait se dérouler "d'ici la fin de l'année, aux environs de l'automne". En ce qui concerne l'électricien, le ministre a affirmé que "EDF souffre de fonds propres trop faibles à 8 ou 9 milliards d'euros, pas du tout conformes à ce qu'ils devraient être. Il faudra au moins les doubler". En ce qui concerne Areva, "on regardera tout cela en 2006 si les conditions de marché, conditions diverses et variées le permettent", a-t-il déclaré. Pour ce qui est de l'ouverture du capital de la Société des autoroutes du Nord et de l'Est de la France (Sanef), qui doit être introduite en Bourse le 23 mars prochain, "c'est un succès" et le livre d'ordres "est complètement clos", a-il indiqué.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.