Hausse des prix du pétrole : Matignon écarte la solution de la TIPP flottante

Une fin de non-recevoir. En réponse au Parti Socialiste qui réclamait la semaine dernière le rétablissement de la taxe intérieure sur les produits pétroliers flottante (TIPP) pour limiter la hausse des prix à la pompe, le Premier ministre a précisé lors d'une conférence de presse qu'il y était clairement opposé. Cette TIPP "sociale" avait été créée en 2000 par le gouvernement Lionel Jospin pour être supprimée, une fois les marché pétroliers apaisés, par celui de Jean-Pierre Raffarin. Ce point presse clos la réunion interministérielle organisée par Matignon pour "évaluer la situation du marché pétrolier et les conséquences à en tirer pour la politique énergétique de la France".En revanche, à l'instar de ce qui avait été proposé par Nicolas Sarkozy lorsqu'il était à la tête de Bercy, Dominique de Villepin estime qu'une redistribution des éventuelles recettes supplémentaires de TVA et de TIPP induites par la hausse du prix du pétrole, "ciblée sur ceux qui travaillent et qui sont les plus durement touchés par le renchérissement du baril est plus juste qu'une réactivation de la TIPP flottante". Les professionnels des transports pourront ainsi bénéficier d'une baisse de la fiscalité et les travailleurs touchant un revenu proche du Smic d'une augmentation de la prime pour l'emploi. "C'est dans cet esprit que je demande aux ministres concernés de rencontrer les différentes professions dès les semaines qui viennent", a indiqué l'ancien pensionnaire du Quai d'Orsay et de la Place Beauvau.Selon lui, le rétablissement de la TIPP flottante "ne procurerait au surplus qu'un avantage imperceptible à chaque automobiliste. A supposer que l'Etat mobilise 400 millions d'euros, chaque consommateur français ne bénéficierait que d'une baisse d'un centime d'euro par litre"."De plus, il vaut mieux encourager le travail que la consommation de produits polluants, alors même que nous faisons de la lutte contre le réchauffement climatique une priorité", a affirmé le chef du gouvernement. Toutefois, rien ne devrait être décidé rapidement. En effet, à la vue de la dernière situation mensuelle budgétaire, le produit de cette taxe est en recul de 1,4 % en juin par rapport au même mois de l'année précédente. Quant aux recettes de TVA, elles progressent de 4,6 %, sans que l'on puisse déterminer la part de la "TVA essence" dans cette hausse. Une commission parlementaire sera prochainement chargée d'évaluer le montant du surplus. Aux côtés de Dominique de Villepin au cours de cette conférence de presse, le ministre de l'Economie Thierry Breton a déclaré que le gouvernement était "nettement plus confiant pour le deuxième semestre" que pour le premier, au vu des différents indicateurs économiques en France. "Nous sentons clairement, en ce qui concerne par exemple la création d'entreprise, la production industrielle, le moral des entrepreneurs, que tous ces indicateurs sont en train de virer au vert", a-il indiqué.En lisant entre les lignes, on peut donc en conclure que le gouvernement table toujours sur une croissance annuelle de l'ordre de 2%. Au premier et deuxième trimestre, le PIB français n'a respectivement progressé que de 0,3% et 0,1%. A la fin du premier semestre, l'acquis de croissance ne s'élève qu'à 1,2% selon l'Insee. En outre, interrogé sur le prix du pétrole qui serait retenu pour l'élaboration du budget 2006, l'ancien PDG de Thomson et de France Télécom a précisé qu'après consultations des conjoncturistes, celui-ci serait "certainement plutôt proche de 50 que de 36 dollars le baril malheureusement, mais on fait avec." Pour mémoire, un baril à 36 dollars en moyenne avait été la référence utilisée lors de l'élaboration du projet de loi de finances 2005.
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