Vers une sortie de crise à la SNCF

L'après-midi de discussions entre syndicats et direction semble avoir été fructueuse. Au terme d'une première journée de grève, le secrétaire général de la CGT-cheminots, Didier Le Reste, a déclaré à l'AFP avoir obtenu des "avancées non négligeables" de la direction de la SNCF aux revendications des cheminots. "Mon sentiment est partagé par les autres syndicats" a ajouté le responsable CGT. "Nous avons été entendus", a de son côté déclaré le secrétaire général de FO-cheminots, Eric Falempin. Alors qu'elle était susceptible d'être privatisée, "la filiale de la SNCF IDTGV va réintégrer la maison mère", a-t-il ajouté. Parmi les mesures annoncées, Louis Gallois, le président de la SNCF, a consenti une hausse de 0,3% des rémunérations au 1er janvier 2006, "à titre d'anticipation" dans la perspective des négociations salariales qui débuteront début janvier. Ce matin, la direction avait déjà proposé le doublement "à titre exceptionnel de la gratification d'exploitation 2005", ce qui représente une prime de 120 euros par agent.Les cheminots décideront de la suite du mouvement de grève lors d'assemblées générales demain matin, mais tout laisse à croire que le mouvement ne devrait pas perdurer. Alors que la direction de la SNCF a fait état aujourd'hui d'un taux de participation des grévistes de 22,8%, Didier Le Reste, secrétaire générale de la CGT-cheminots, a évoqué un taux compris entre 29 et 31%. Selon la SNCF, un train sur trois en moyenne circulait tandis que le trafic international était plus normal. Quatre fédérations de cheminots - CGT, Sud Rail, FO et FGAAC (Fédération générale autonome des agents de conduite) - ont déposé des préavis de grève illimité et reconductible par 24 heures à compter d'hier soir pour protester contre une "privatisation rampante" de la société nationale et pour des revendications catégorielles, liées notamment au métier de la Traction.Pour les rassurer, le gouvernement s'est évertué à marteler que la SNCF ne sera pas privatisée. "C'est une entreprise publique indispensable à notre pays, c'est une entreprise publique et ça le restera quoi qu'il arrive. Ceci ne saurait en aucun cas être mis en cause par qui que ce soit en réalité, je m'en porte naturellement garant mais c'est une évidence", a même indiqué aujourd'hui Jacques Chirac. Souhaitant que le dialogue puisse conduire à un accord, le chef de l'Etat a jugé que ce mouvement social allait "créer beaucoup de difficultés ou de perturbations au détriment des Français, d'un certain nombre d'entre eux, et des entreprises de notre pays".Malgré ces déclarations, l'opposition et les syndicats restent convaincus de la privatisation "rampante", d'après la formule désormais célèbre de Didier Le Reste, de l'opérateur ferroviaire. "La privatisation de la SNCF est en cours dans le fret, ce n'est pas un fantasme, c'est une réalité", a déclaré Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF, rappelant la libéralisation du rail en Europe. Marie-George Buffet s'en est prise au gouvernement Villepin qui veut faire de ce mouvement "une grève illégale" et au président du groupe UMP de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer qui "menace" d'instaurer par la loi un service minimum. De son côté, Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de Force Ouvrière (FO), a affirmé que la privatisation de la SNCF "avance masquée", par la "filialisation".Derrière ce débat sur la privatisation rampante, la CGT est aussi accusée de masquer des considérations internes. Glissements politiques, calculs électoraux en vue du congrès du syndicat en avril 2006, compétition interne au sein de la CGT, dont la rivalité qui oppose Didier Le Reste à Bernard Thibault, sont autant de motifs invoqués pour expliquer les revendications finalement peu cohérentes du syndicat. Trois journées de grèves successives à la RATPDu côté de la RATP, après l'appel à la grève déposé par la CGT, la direction prévoit demain des perturbations dans le métro parisien, avec 3 rames sur 5. Côté RER, 4 trains sur 5 circuleront sur la ligne A tandis qu'ils seront 2 sur 3 à fonctionner sur la ligne B. Enfin, 4 bus et tramways sur 5 seront en activité. Outre la journée de mercredi, la CGT a lancé un autre appel à une grève de 24 heures pour la journée de vendredi, tandis que le syndicat Sud a lancé un appel à une grève illimitée des agents de la RATP à partir de jeudi matin. Ces deux actions sont motivées par la crainte de "l'abandon du statut de l'entreprise publique" et "une possibilité de mise en concurrence sur les transports en région Ile-de-France".
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