Sur la ligne de départ

L'affaire de la rémunération des dépôts ne manque pas de paradoxes. En fin de semaine dernière, le Conseil d'Etat a pour la deuxième et dernière fois examiné le recours formé par la Caixa Bank contre une décision de la Commission bancaire lui enjoignant de cesser immédiatement cette pratique. La haute juridiction administrative ne va en l'occurrence que jouer les chambres d'enregistrement puisque la question de savoir s'il est possible ou non de rémunérer les comptes courants a été tranchée par la justice européenne en fin d'année dernière.Pour les juges de Bruxelles, il ne fait pas de doute qu'interdire à une banque d'avoir recours à cette technique commerciale constitue une entrave à la liberté d'établissement. Le conseil d'Etat, qui avait botté en touche il y a deux ans en saisissant la Cour de Justice, va donc venir au secours d'une victoire annoncée. D'ailleurs pour les banques la question n'est plus de savoir si cette possibilité leur sera ouverte mais bien de connaître l'identité de celui qui osera tirer le premier.Après s'être battues dans une belle unité pour attaquer leur concurrente espagnole, elles reconnaissent de mauvaise grâce leur défaite en qualifiant presque de non événement la décision défavorable qui va être rendue. Cela ne va bien sûr pas empêcher la Caixa Bank, à juste titre fière de sa victoire, de la célébrer en proposant une offre attrayante à ses clients. Mais la taille de son réseau, encore limitée, ne fait pas d'elle un concurrent trop redouté. Non, ce que tous attendent - et redoutent -, c'est le nom du grand réseau qui proposera une offre attractive à ses clients, et à ceux des autres grands réseaux. Dans un monde bancaire où la concurrence fait rage (quoi de plus normal compte tenu de la rentabilité des activités de banque de détail?), il est fort possible que les premiers à sortir du bois bénéficient d'une prime. Les groupes mutualistes, discrets comme à leur habitude, pourraient bien créer la surprise. Daniel Bouton, le président de la Société générale, a de son côté exclu que son établissement se lance dans la bataille le premier. Mais il n'a pas pour autant écarté la possibilité que la Générale, le jour venu, fasse comme ses consoeurs. Le problème pour les clients est que certaines banques ne résistent pas à la tentation de profiter de l'occasion pour faire payer certains de leurs services, notamment les chèques. Mais la publicité faite récemment sur les tarifs bancaires joue contre les banques qui devront justifier de nouvelles hausses du prix de leurs prestations. Et il se trouvera bien un réseau qui proposera à ses clients une petite rémunération de leurs dépôts sans contrepartie. Finalement, au terme de cette bien longue histoire, les consommateurs pourraient bien y gagner un peu.
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