S'il fallait une confirmation de plus, au lendemain de leur non massif au projet de Constitution européenne, les Français n'ont pas le moral. Selon l'enquête publiée ce matin par l'Insee, le moral des ménages s'est établi au mois de mai à -29, contre -24 en avril, en données corrigées des variations saisonnières. Attendu, ce nouveau recul du moral des Français est nettement plus accentué que prévu: le consensus des analystes tablait sur un indicateur à -25. Pourquoi une telle déprime? L'emploi, l'emploi, et encore l'emploi. Ou plutôt, le chômage, le chômage et encore le chômage. Ce dernier, qui figure au premier plan des inquiétudes manifestées par les Français dimanche dernier dans les urnes, s'est certes très légèrement amélioré en avril, avec un recul de 0,1% du nombre des chômeurs (-1.400), selon les données publiées ce matin par le ministère du Travail. Mais ce repli, le premier depuis le début de l'année, demeure purement symbolique. Le taux de chômage au sens du BIT est d'ailleurs resté stable à 10,2% de la population active.En outre, si en avril le nombre de chômeurs de catégorie 1 (immédiatement disponibles à la recherche d'un emploi à durée indéterminée et à temps plein), qui sert de baromètre officiel, a effectivement reculé de 0,1% par rapport au mois précédent, il ne s'en affiche pas moins en hausse de 2,1% sur un an, pour atteindre le nombre de 2.486.400 personnes.Mais si le léger repli d'avril est bienvenu après les augmentations de 0,7% en janvier, 0,5% en février et 0,3% en mars, il est clair qu'il n'est pas en mesure de modifier la perception des Français quant à la situation de l'emploi.Cette dernière pèse donc toujours autant sur leur moral. Dans le baromètre de mai, tous les soldes d'opinion sont "défavorablement orientés", souligne l'Insee, qui précise que "l'opinion des ménages sur les perspectives d'évolution du chômage se détériore en mai".Les ménages s'inquiètent aussi tout particulièrement de l'évolution de leur niveau de vie: ses perspectives d'évolution passent de -34 à -43 d'avril à mai! Fort logiquement, les Français jugent "moins opportun" de faire des achats importants dans la situation actuelle.Autant d'éléments que le nouveau gouvernement qui doit prendre ses fonctions dans les jours qui viennent pourra méditer: chômage et pouvoir d'achat sont les deux hantises des Français. A la nouvelle équipe mise en place par Jacques Chirac de se montrer convaincante en la matière...

latribune.fr

19 Oct 2008, 21:28

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