"Pas de risque d'explosion sociale... à moins d'une étincelle"

latribune.fr. - Quelle ampleur pourrait prendre le mouvement social ?Bernard Brunhes. - Difficile de faire la météo dans ce domaine. A priori la manifestation finalement assez classique de mardi, avec une participation de salariés du privé concernés par les plans sociaux, ne présage pas de nouvelles répliques. Seul un incident grave, une explosion locale pourrait provoquer un nouveau mouvement d'envergure. Dans le contexte de morosité économique ambiant, il suffit d'une étincelle.Comme à la SNCM par exemple ?Evidemment, la situation du port de Marseille s'avère particulièrement préoccupante. C'est de l'histoire ancienne portée à ébullition, dans un environnement difficile sur le plan social. La présence du Syndicat des travailleurs corses (STC) du fait de la situation politique dans l'Ile, n'est pas anodine. Et le compromis est aussi difficile que nécessaire : la compression des effectifs paraît inévitable. Pour l'heure, l'augmentation de la participation de l'Etat de 0% à 25%, puis à 34% (avec le personnel) ne me paraît pas de nature à résoudre le problème.Quels peuvent être les autres foyers de conflits ?De nouveaux cas de plans sociaux lourds, du style Hewlett-Packard, pourraient apparaître. L'ouverture du capital d'EDF cet automne constitue un autre sujet d'incertitude, les employés du service public craignent les privatisations "rampantes". De façon éloquente, de récents sondages mettaient en exergue l'inquiétude des agents publics, pourtant les plus protégés : à l'évidence, ces derniers craignent de voir s'effondrer le système.De quelle façon le gouvernement pourrait-il apaiser le malaise social ?Au vu de la situation du budget de l'Etat, les marges de manoeuvre sont étroites. Les revendications sur le pouvoir d'achat paraissent infondées : depuis un demi-siècle, le gouvernement n'a plus guère d'action directe sur les prix et les salaires. En revanche, sur le terrain de l'emploi, l'Etat gagnerait à instaurer un dialogue continu avec les syndicats et le patronat. Cette démocratie gouvernementale s'inscrirait dans une démarche globale, au lieu de "coups" isolés et déconcertants.Vous considérez donc le contrat nouvelle embauche (CNE) comme une erreur ?Côté entreprises, la différence avec l'option d'un CDD renouvelable une fois n'est pas évidente. Du coup, il est peu probable que le CNE stimule les embauches. En revanche, l'effet sur la précarité est évident. Un nouveau type de contrat aurait pu être d'abord envisagé de manière consensuelle pour le recrutement des jeunes dans les petites entreprises. Mais craignant des négociations difficiles, le gouvernement s'est soustrait au dialogue pour faire une encoche, à terme dangereuse, dans le code du travail.
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