Le retour de l'enfant prodigue ?

Noël est déjà derrière nous, mais c'est l'heure des étrennes pour les actionnaires de Bouygues. Pas de téléphone mobile de troisième génération, le cadeau le plus en vue du Noël 2004, et pour cause : Bouygues Telecom ne lancera son offre qu'à la fin de l'année. Mais une belle enveloppe de 1,7 milliard d'euros, soit 5 euros par action, qui leur sera versée vendredi. Largesse promptement annoncée au coeur de l'été, présentée comme un juste retour aux actionnaires maintes fois sollicités au cours des dernières années pour financer l'activité télécoms, devenue une formidable machine à cash, compensant les hauts et bas des métiers historiques de construction. Le geste aura produit l'effet escompté : le cours de Bouygues, qui accusait alors un léger repli, a grimpé de 26 à 34 euros. Il termine l'année sur un gain de 22,6%, trois fois mieux que le CAC 40, dont il signe la dixième meilleure performance. Dans un marché peu rémunérateur, la générosité des entreprises est redevenue un sujet clef pour les investisseurs. La hausse de l'indice phare de la place parisienne est à peine supérieure aux taux de certains "super-livrets" d'épargne proposés par de jeunes établissements, et sans risque ! Certes, quelques boursiers bien avisés ou clairvoyants ont misé sur le vainqueur de l'année, Vinci (+50%). Le numéro un mondial du BTP s'est, il est vrai, bâti une solide réputation en multipliant les gratifications à l'adresse des actionnaires : acompte sur dividende et rachat d'actions. A la manière d'un Microsoft, toutes proportions gardées, Bouygues a décidé de "rendre l'argent" aux actionnaires. A qui le tour ? Ceux de Vivendi Universal piaffent d'impatience... et de gourmandise : désabusés, convaincus que le cours ne reviendrait jamais s'approcher des 80 euros cotés au moment de la fusion avec Seagram et Canal Plus, en décembre 2000 (le record en pleine "bulle" fut même proche de 150 euros), ils s'estiment en droit de réclamer une récompense. VU a promis au moins 0,5 euro paraction, soit 500 millions d'euros. Certains rêvent déjà d'un milliard ! Un chiffre de funeste mémoire chez Vivendi : le versement d'une telle somme avait contraint le groupe à jongler avec les lignes de crédit au point de friser la crise de trésorerie à la fin du printemps 2002... De la générosité à la prodigalité, il n'y a parfois qu'un pas.
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