L'autre bataille d'Italie

La finance italienne est décidément au coeur de l'actualité. Pour le meilleur comme pour le pire. Dans le premier cas, citons bien sûr l'acquisition du groupe bancaire allemand HVB par UniCredit, la première fusion transfrontière à grande échelle que la banque de détail européenne ait jamais connu. Dans le second, impossible de passer sous silence la bataille d'arrière-garde menée par la Banque d'Italie pour sauvegarder l'indépendance de deux établissements de taille moyenne, Antonveneta et la BNL, convoités par ABN Amro et le BBVA.Antonio Fazio, le sourcilleux gouverneur de la banque centrale italienne, entend veiller sur "l'italianité" de ses banques et les défendre coûte que coûte contre les assauts venus de l'étranger. Au risque d'écorner l'image et la crédibilité de l'institution qu'il dirige. Mais il ne s'agit encore que d'escarmouches. Depuis quelques semaines, la banque d'affaires Mediobanca, véritable pilier du capitalisme italien, semble à son tour menacée par de mystérieux prédateurs. Les actions de l'établissement ont grimpé en flèche, dans des volumes jusqu'alors inconnus. L'établissement se découvre à cette occasion de nouveaux actionnaires, tels Axa et le Crédit agricole, qui étaient restés jusqu'à présent très discrets.L'agitation est également à son comble parmi les nouveaux industriels italiens, des "nouveaux riches" qui se piquent de jouer un rôle de premier plan dans un système bancaire encore très éclaté. Mais Mediobanca n'est pas une proie comme les autres. La banque d'affaires détient des participations stratégiques dans plusieurs entreprises italiennes de premier plan, dont l'assureur Generali. Une sévère bataille avait d'ailleurs opposé il y a deux ans le "clan français" des actionnaires de Mediobanca, emmené par Vincent Bolloré, et tout le gratin de la finance italienne qui s'était coalisé pour préserver l'indépendance de la banque. Ce premier épisode s'était conclu par une paix des braves, la signature d'un nouveau pacte et un équilibre des pouvoirs entre les uns et les autres. Mais tout ceci risque bien de voler en éclat si d'autres s'invitent autour de la table et réclament leur part du gâteau. La finance italienne et européenne pourrait alors bel et bien trembler.
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