Polémiques autour du projet de "service garanti" dans les transports franciliens

La résistance s'organise. Face au projet de "service garanti" en cas de grève à la RATP et sur le réseau francilien de la SNCF dévoilé hier par "Le journal du dimanche", la Région Ile de France et les syndicats protestent. Hier, l'hebdomadaire a révélé l'engagement par les deux entreprises publiques, sous forme de deux avenants aux contrats les liant au Syndicat des transports d'Ile-de-France (STIF), d'assurer un niveau de service garanti. Celui-ci s'établirait à 50% pour la RATP et à 33% pour la SNCF.Ce projet, qui coïncide avec la volonté gouvernementale de mettre en place un service minimum dans les transports en commun, devrait être examiné par le STIF le 17 juin prochain lors de son prochain conseil d'administration. C'est à dire quatre jours avant la présentation de ce projet devant le conseil d'administration de la SNCF.Au Conseil régional, présidé par le socialiste Jean-Paul Huchon, l'étonnement est de mise, en raison d'une part de cette présentation "décalée" du projet, d'autre part parce que ces dispositions sont soumises au vote du STIF moins de deux semaines avant son changement de statut. Dirigé actuellement par le préfet de région, le Syndicat, dont l'une des missions principales est de fixer les tarifs des transports franciliens sera placé le 1er juillet sous l'autorité de la région. Jusqu'ici majoritaire dans son conseil d'administration, l'Etat s'en désengagera totalement. A partir de cette date, la région détiendra 15 des 29 sièges d'administrateur au sein du STIF. "Veut-on inaugurer notre entrée au STIF par un grand conflit social, au début des vacances d'été et juste avant la décision du CIO sur la ville d'accueil des Jeux d'été de 2012 ? ", a demandé Jean-Paul Huchon. Cette décision doit intervenir le 6 juillet prochain. Selon lui, le gouvernement tente "d'imposer des décisions qui prendront effet une fois le STIF présidé par la Région et qui vont à l'encontre de la majorité francilienne de gauche". De leur côté, les Verts, qui indiquent n'avoir recu aucun document précisant le contenu de ce projet, doivent réclamer aujourd'hui en Conseil de Paris le retrait de cette réforme de l'ordre du jour du STIF. Les syndicats réagissent également. La CGT-Cheminots a prévenu qu'elle ne se "laissera pas faire" et entend le prouver dès la grève du 2 juin, à l'appel de la CGT, FO, Sud Rail et de la CFE-CGC. "Remettre ça sur le tapis avant une grève, c'est de la provocation", a renchéri Christian Mahieux pour Sud-Rail, deuxième syndicat à la SNCF. "Fixer une obligation d'un nombre de trains, c'est une restriction du droit de grève", a-t-il estimé, rappelant qu'une atteinte au droit de grève provoquerait un "conflit majeur". De son côté, le gouvernement joue la carte de l'apaisement. Dans un communiqué, le ministre des Transports Gilles de Robien a "démenti catégoriquement la mise en place d'un service minimum obligatoire", parlant d'un "engagement volontaire sur les niveaux de service" à la SNCF et la RATP. Il a notamment précisé qu'aucune réquisition de personnel n'était prévue les jours de grève, ajoutant que "cet engagement contractuel de la SNCF et de la RATP vis-à-vis du STIF fera l'objet d'une concertation préalable au sein des deux entreprises". Néanmoins, ce projet relance celui présenté le 6 avril dernier par le gouvernement. A cette date, Gilles de Robien avait demandé à la RATP et à la SNCF de s'engager sur un niveau de service garanti, en "optimisant" le personnel présent afin que le trafic soit proportionnel au taux de grévistes. Les entreprises publiques ont jusqu'au 30 juin pour mettre en place un véritable dispositif de service minimum efficace.A la RATP, la dédramatisation est également de rigueur. Selon Josette Théophile, directeur adjointe de la régie, en charge des relations humaines, le futur avenant a été présenté aux syndicats le 12 mai dernier. "Nous avons suffisamment confiance dans la qualité de notre dialogue social pour accepter un engagement sur notre service et des pénalités s'il n'est pas tenu", a-t-elle ajouté.
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