Nicolas Sarkozy présente ses ambitions de réforme économique

Dans son discours de clôture de la convention UMP sur les questions économiques, Nicolas Sarkozy a présenté un véritable discours de politique générale. Un exercice de rhétorique semblable à celui auquel s'était livré le Premier ministre Dominique de Villepin le 1er septembre lors de son discours de rentrée.En préambule, le chef de l'UMP a dressé un bilan peu flatteur de l'état de santé de l'économie française. Considérant que celle-ci ne cessait de "s'affaiblir", Nicolas Sarkozy a estimé que "le premier problème de l'économie française" était "un problème de création de richesses". "Cette dégradation de nos performances n'est pas seulement navrante. Elle est devenue le coeur de notre problème social. Quand on a peu à distribuer, le problème de la création de richesse finit nécessairement par devenir un problème de redistribution", a déclaré le ministre d'Etat.Emboîtant le pas à Dominique de Villepin, qui s'était fait en quelque sorte le héraut des classes moyennes le 1er septembre dernier (lire ci-contre), Nicolas Sarkozy a déclaré que le modèle social - qu'il se refuse toutefois à remettre en cause - repose sur une politique concentrée sur "la partie de la population la plus nécessiteuse, laissant de côté les catégories intermédiaires qui ont le sentiment d'être toujours assez riches pour devoir payer des impôts et jamais assez pauvres pour pouvoir toucher des prestations. Et comme cette partie nécessiteuse est par ailleurs de plus en plus importante, la redistribution est saupoudrée, dispersée, inefficace". Pour résoudre les problèmes de l'économie française, Nicolas Sarkozy a défini trois objectifs : viser et atteindre le plein-emploi d'ici dix ans ; faire de la France l'un des environnements économiques les plus favorables à la création et au développement des entreprises ; faire des finances de la nation un levier de croissance. Priorité à la lutte contre le chômageSur la même ligne que le gouvernement, Nicolas Sarkozy a définit la lutte contre le chômage comme étant sa principale priorité. Objectif : ramener en dix ans le taux de chômage à moins de 5% de la population active, "c'est à dire revenir au plein-emploi". Reprenant les propositions du rapport Camdessus publié en octobre dernier alors qu'il était à la tête de Bercy, Nicolas Sarkozy estime indispensable de "créer une différence beaucoup plus grande entre les revenus tirés de l'assistance et les revenus tirés du travail. Dans le même esprit, il faut encourager ceux qui veulent travailler plus à le faire, notamment en réduisant les charges sociales sur les heures supplémentaires". Il souhaite également que les fonctionnaires voulant passer outre les 35 heures de travail hebdomadaire puissent le faire sans contraintes. Pour favoriser le travail des seniors, la suppression de la contribution Delalande est évoquée.Par ailleurs, toujours pour répondre au problème de l'augmentation du nombre de demandeurs d'emploi, Nicolas Sarkozy prône un service public de l'emploi plus efficace et un renforcement des devoirs qui pèsent sur les chômeurs. Il aborde également le sujet de la modernisation du droit du travail, "pour que celui-ci cesse de décourager les créations d'emplois".Alors que le gouvernement s'est tout récemment réjoui des 30.000 créations d'emplois issues du Contrat nouvelle embauche (CNE), le président de l'UMP souhaite quant à lui l'invention d'un nouveau droit du travail "plus simple, qui privilégie le contrat à durée indéterminée". Ce qui, en somme, reviendrait à supprimer la distinction CDD-CDI. Une idée défendue ces derniers mois par l'ancien patron du Medef, Ernest-Antoine Seillière. Pour atteindre son deuxième objectif - créer un environnement économique plus favorable à la création et au développement des entreprises -, Nicolas Sarkozy met l'accent sur le soutien aux PME, notamment en leur réservant une partie de la commande publique et en réformant la fiscalité pour qu'elle favorise la constitution d'une base actionnariale nationale. Sur ce dernier point, la création et les débuts prometteurs d'Alternext devraient réjouir le chef de l'UMP.Réduire les dépenses publiquesEnfin, pour faire des finances de la nation un levier de croissance, Nicolas Sarkozy souhaite une réduction des dépenses publiques, dépenses qu'il juge indispensable de rendre plus "efficaces". Cette baisse des dépenses publiques passe notamment par l'application de la règle du "non-remplacement d'au moins un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite". Même s'il entend partager avec les agents les gains de productivité réalisés à cette occasion, il n'est pas sûr que cette idée séduise au sein de la fonction publique...Afin d'accroître les recettes, Nicolas Sarkozy entend réformer la fiscalité, jugée trop élevée par rapport à la moyenne européenne. Parmi les mesures phares de ce projet, la suppression de 150 taxes actuelles, le passage à la retenue à la source, la réforme de la fiscalité locale ainsi que celle du patrimoine, la suppression des droits de succession et de donation pour les patrimoines petits et moyens. Sans oublier la réforme de l'impôt sur la fortune (ISF).Bref, en dépit des très bonnes relations que semblent afficher le chef du gouvernement et le président de l'UMP, la teneur de ce discours aux élans présidentiels risque passablement d'irriter à Matignon. Il n'est pas sûr que les idées de "l'aiguillon" Sarkozy , jugées "indispensables et complémentaires" à l'action du gouvernement, ne se transforment prochainement en piques énervantes pour le Premier ministre.
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