La croissance française reste fragile et peu créatrice d'emplois

Kyrielle de nouvelles en demi-teinte aujourd'hui en provenance de l'Insee, du ministère de l'Emploi et de la Banque de France. Côté Insee, l'étude trimestrielle sur l'investissement des entreprises montre que celles-ci rechignent à augmenter leurs investissements cette année et l'an prochain: la stabilité devrait être de mise en la matière en 2006. Une frilosité que l'on peut attribuer en partie aux conditions monétaires, qui, bien que toujours accommodantes, se sont cependant légèrement tendues depuis la rentrée. "Par ailleurs, l'enquête de la Banque de France indique une baisse du taux d'utilisation des capacités de production, ce qui n'est généralement pas le signe d'une accélération prochaine des dépenses d'investissement", souligne Nicolas Claquin, économiste chez HSBC.Les embauches ne semblent pas non plus le maître mot des entreprises, à en croire les chiffres du ministère du Commerce. Tiré par le secteur tertiaire, l'emploi salarié dans le secteur concurrentiel a très légèrement progressé de 0,1% au troisième trimestre 2005 (+ 8.500 postes) et de 0,3% sur un an, totalisant 15.451.800 personnes, d'après. Alors que le secteur industriel s'est dégradé, le secteur tertiaire augmente faiblement de 0,2% (+ 24.000 postes) sur le trimestre et de 1% sur un an (+104.200). "Le marché du travail demeure peu dynamique, surtout au regard d'une croissance économique forte au troisième trimestre (+0,7%). Globalement, les entreprises françaises demeurent largement dans une logique de gains de productivité à court terme, indique Nicolas Bouzou, économiste chez Xerfi. Voilà pourquoi une bonne politique de l'emploi doit viser à libérer les créations de postes dans le secteur des services. Le contrat nouvelle embauche va dans la bonne direction, mais les chiffres publiés ce matin montrent que le chemin sera encore long"."En plus d'une déception, ces chiffres suscitent également une interrogation, renchérit Alexandre Bourgeois, chez Natexis. En effet, on peut se poser la question de savoir comment le nombre de demandeurs d'emplois a pu baisser de 108.000 personnes entre le deuxième et le troisième trimestres et le taux de chômage passer de 10,2% à 9,8% alors que le nombre de salariés n'a progressé sur la période que de 30.000 personnes. Certes, certains chômeurs ont pu remplacer des personnes parties à la retraite et certains d'entre eux ont pu ouvrir leur propre entreprise. "Mais le "grand écart" entre les statistiques de l'emploi et celles du chômage semble trop important pour ne refléter que ces deux cas de figure", estime Alexandre Bourgeois. De même que Laure Maillard, économiste chez Ixis, Nicolas Claquin, chez HSBC, explique cet écart en grande partie par les créations d'emplois dans le secteur public, non recensées dans ces statistiques. "Les mesures gouvernementales (plan de cohésion sociale, plan d'urgence pour l'emploi), si elles sont bien en partie à l'origine de la baisse du chômage, confirment que c'est surtout le secteur non marchand (monde académique, collectivités territoriales, mutuelles, ndlr) qui en profite", indique Nicolas Claquin.Autre statistique délivrée ce matin par le ministère de l'Emploi, le salaire mensuel de base de l'ensemble des salariés a progressé de 1% au troisième trimestre 2005 et de 2,8% sur un an, entraînant une légère hausse du pouvoir d'achat. Les prix (pour l'ensemble des ménages et hors tabac) ayant augmenté de 0,6% au cours du trimestre et de 2,2% entre septembre 2004 et septembre 2005, le pouvoir d'achat a progressé de 0,4 point au troisième trimestre et de 0,6 point sur l'année. La durée hebdomadaire collective moyenne du travail était de 35,7 heures fin septembre 2005, inchangée depuis fin décembre 2002. Enfin, l'indicateur du climat des affaires en France est remonté à 102 en octobre contre 101 en septembre, et la croissance devrait s'établir à +0,5% au quatrième trimestre, soit +1,6% en moyenne annuelle pour 2005, selon l'enquête mensuelle de la Banque de France. Des chiffres également peu réjouissants, surtout au regard des 4% prévus pour la croissance mondiale cette année.
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