Les industriels gagnés par la morosité

En demi-teinte. Les statistique du jour publiées par l'Insee soufflent le chaud et le froid sur la santé de l'économie française. En effet, selon l'enquête de conjoncture trimestrielle réalisée dans l'industrie, les chefs d'entreprises estiment que la demande globale est restée soutenue au cours du dernier trimestre 2004. Et cela en dépit du ralentissement de la demande étrangère observé au second semestre."Au regard de ces chiffres, l'économie française devrait enregistrer une nette progression de son PIB fin 2004, après le sérieux trou d'air observé entre juillet et septembre", estime Laure Maillard chez Ixis CIB interrogée par latribune.fr. De fait, l'économiste table sur un taux de croissance de 0,7% au dernier trimestre 2004, au dessus de l'estimation du consensus qui s'élève à 0,6%. "Et une croissance de 0,8% ne serait pas une énorme surprise", ajoute-t-elle. En revanche, et c'est plus inquiétant, cette enquête révèle que les dirigeants français anticipent un tassement de la demande globale, tant domestique qu'étrangère, au cours du trimestre actuel. Cette morosité de la demande intérieure anticipée était largement prévisible après la dégradation du moral des ménages enregistrés par l'Insee le mois dernier (voir ci-contre). Ce pessimisme renforce de fait les anticipations d'un léger fléchissement de l'activité industrielle au cours du premier trimestre.En raison de ce tassement de la demande globale, le taux d'utilisation des capacités de production (82,6%) se maintient en dessous de sa moyenne de longue période (83,9%). Quant aux chefs d'entreprises qui considèrent qu'ils ne peuvent produire plus, ils ne représentent que 24% de l'échantillon." Cette piètre performance signifie notamment qu'une forte reprise de l'investissement n'est pas pour demain", explique Marc Touati chez Natexis Banques Populaires. "Ainsi, après avoir tant bien que mal soutenu la croissance française en 2004, les industriels semblent sur le point de jeter l'éponge. Cet indicateur avancé de la conjoncture industrielle atteint même un plus bas depuis octobre 2003. En d'autres termes, l'industrie française a bien mangé son pain blanc en 2004 et paraît désormais bien ancrée sur la voie du ralentissement", ajoute l'économiste.Sans compter qu'un fléchissement de l'activité industrielle aurait inévitablement des conséquences sur l'emploi - l'industrie a déjà détruit plus d'emplois qu'elle n'en a créés en 2004 - sur les salaires, et donc sur la consommation des ménages. La composante de l'emploi - la tendance prévue - de cette enquête est d'ailleurs en net repli, passant de -9 en octobre à -15. Si ce tassement de la demande globale se confirmait au cours des trimestres suivants, l'économie française perdrait ainsi son principal moteur de croissance, remettant en cause le scénario de croissance officiel. Selon le gouvernement, la France devrait enregistrer un taux de croissance de 2,5% cette année, grâce notamment une demande forte de la part des ménages et des entreprises. Une hypothèse de croissance largement au dessus du consensus qui oscille entre 1,8 et 2%.
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