Mobilisation massive pour la défense du pouvoir d'achat

Cela devient une habitude: pour les usagers des transports publics, cette journée est à nouveau placée sous le signe de la marche forcée, de la journée de RTT contrainte - pour ceux qui bénéficient de cet avantage - ou de la crise de nerfs. Les transports terrestres - RATP, SNCF et lignes régionales se sont données la main - ainsi que les transports aériens fonctionnent par intermittence, perturbant le train-train quotidien des usagers.A l'origine de cette nouvelle mobilisation syndicale, la troisième depuis le début de l'année, les revendications salariales des secteurs public et privé. A ces doléances s'ajoutent également des revendications sur la protection de l'emploi et sur la réforme des 35 heures. Un côté "fourre-tout" que Jean-Luc Cazettes, le président de la CFE-CGC, qui ne participe pas à cette journée d'action, déplore. Par ailleurs, au centre des nombreux cortèges, les dirigeants syndicaux ont tenu à témoigner leur soutien à la journaliste de notre confrère Libération, Florence Aubenas et à son guide Hussein Hannoun, détenus depuis plus de deux mois en Irak.Principal argument des forces syndicales, les faibles hausses de salaires dans le secteur privé - quand ce n'est pas leur absence - alors que les entreprises du CAC 40 distribuent à leurs actionnaires les copieux profits enregistrés en 2004. Dans la fonction publique, la perte de pouvoir d'achat subie par ces salariés est évaluée à 5% depuis 2000 par les syndicats."Attentif", le gouvernement a annoncé la tenue d'une réunion anticipée le 18 mars prochain de la commission nationale de la négociation collective réunissant les partenaires sociaux et l'Etat. De son côté, le ministre du Travail et de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, a réclamé l'ouverture de négociations salariales dans les branches professionnelles.Pour Force Ouvrière, "l'Etat doit montrer l'exemple, il suffit qu'il rouvre les négociations". Mais, pour l'instant, le ministre de la Fonction publique, Renaud Dutreil n'a aucune marge de manoeuvre budgétaire supplémentaire pour contenter les fonctionnaires. Alors que quelque 150 manifestations étaient enregistrées à travers tout le pays par la CGT, la SNCF a annoncé que ne circulaient qu'un TGV sur 2, 1 train Corail sur 3 et 1 TER sur 2 (ou 4 selon la combativité des régions). Pour circuler, les Parisiens et les Franciliens ne pouvaient compter que sur 1 métro sur 4, 1 RER sur 4, et 3 bus sur 4.Dans la matinée, le trafic à la RATP et à la SNCF était plus ou moins conforme aux prévisions. Toutefois, de nombreuses distorsions entre les prévisions et la réalité étaient encore à noter, en fonction, à nouveau, de la détermination des conducteurs.Le transport aérien est également perturbé. Si "seulement" 25% des vols ont été supprimés à Roissy Charles de Gaulle, 75% des liaisons nationales et internationales l'ont été à Orly. A Beauvais, trois quart des vols ont été annulé ce matin. Rejoignant pour l'occasion les lycéens opposés au projet de loi Fillon sur l'école, les professeurs manifestent également. Le ministère de l'Education nationale estime que le taux de grévistes oscille entre 23,61% et 41,23% de ses effectifs. A la Banque de France, ce sont entre 19% et 40% des membres du personnel qui font valoir leur droit de grève. Les programmes de Radio France et de France 3 sont également perturbés. Dans le privé, de nombreux débrayages sont signalés chez Coca Cola, Exxon, Michelin, Nestlé, Renault, entre autres.A Paris, la police a dénombré 35.000 manifestants. Ils étaient plus de 100.000 à Marseille (19.000 selon la police) et entre 35.000 et 50.000 à Bordeaux. A Toulouse, ils sont entre 22.000 et 40.000 selon les sources. Cette journée d'action massive se déroule alors que le jury du Comité International Olympique (CIO) découvre aujourd'hui les installations sportives de la capitale dans le cadre de Paris 2012. Le parcours de la manifestation qui a commencé à 14h00 a été déplacé pour l'occasion afin de ne pas nuire au bon déroulement de cette journée cruciale pour la candidature parisienne. Certains syndicats affichent d'ailleurs leur soutien à cette candidature dans le défilé et arborent calicots, drapeaux et autres badges en faveur de Paris 2012. Pas sûr que ces petits signes de soutien n'arrivent à compenser l'effet certainement négatif que cette journée d'action devrait avoir sur l'exigeant jury du CIO.
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